3 moments qui ont changé la vie de Julien Doré

Sa grand-mère féministe, son départ de Paris, le casting de la Nouvelle Star... Julien Doré raconte les moments qui ont changé sa vie.

Trois moments qui ont changé la vie de Julien Doré


Avant la sortie de son dernier album, Aimée, le chanteur et comédien est allé s’installer dans son Sud natal pour se ressourcer. Entretien.


Son licenciement juste avant son casting pour la Nouvelle Star


Mon ancien patron venait me voir dans les bars le week-end quand je jouais avec mon groupe. D’ailleurs, il me prêtait souvent les véhicules de la société pour qu’on puisse amener la batterie, l’ampli basse, etc. À force de me voir dans les bars le week-end, il ne comprenait pas pourquoi le lundi matin à 6 heures, j’étais quand même là, sur les chantiers, à bosser.


Il a fait un geste qui hyper symbolique et hyper fort pour moi : il m’a licencié. Au début évidemment, je n’ai pas vraiment compris, je me sentais fautif. Il m’a juste expliqué que s’il le faisait, c’était pour me permettre de me laisser quelques mois pour essayer de trouver ma voie dans la musique.


Quelques semaines après, il y a eu ce casting à Marseille. C’est complètement fou, parce qu’aussi bien s’il me m’avait pas dit ça comme ça, s’il ne m’avait pas viré de la société où je me sentais très bien, si je n’avais bossé ce jour-là… Je n’y serais pas allé. En plus, il faut quand même imaginer que la Nouvelle Star, c’était big. La file d’attente, genre, quatre, cinq heures. Des milliers et des milliers de personnes. C’était vraiment impressionnant.


Son retour dans le Sud


Au moment où je déménage, quand le camion amène mes meubles… Ça a été troublant, parce que je venais de terminer la tournée acoustique, après la grosse tournée de Zénith. C’était comme une remise à neuf. Je n’avais rien à faire.


C’était le début de l’automne… Les plaines, la nature autour de moi, la forêt derrière moi, en permanence. Et la solitude. Je me rendais compte que je n’allais pas faire de musique tout de suite. En regardant autour de moi, les premiers trucs que j’ai vus, c’est la terre, les arbres. J’avais quelque chose à faire, à réapprendre avec mes mains. J’avais à réapprendre à bricoler.


Ces retrouvailles-là, c’est mon enfance. C’est mon adolescence. Je suis parti à 24 ans de ce Sud-là et, dans ce Sud-là, on connaît la terre. Nos anciens travaillent la terre depuis toujours. Le potager, ce n’est pas une lubie. Ce n’est pas un hobby. C’est une nécessité quand tu as la chance de pouvoir le faire autour de toi. Quand tu as la chance de pouvoir récupérer l’eau, que ce soit celle de la pluie ou celle qui tombe sur ton toit, de simplement la récupérer.


L’engagement féministe de sa grand-mère et de sa mère


Elle a eu cette force-là, au moment de la mort de mon grand-père, qui était mineur à la mine d’Alès et qui est décédé. À ce moment-là, elle a décidé de s’occuper de toute les femmes qui étaient veuves de mineurs. Et de se battre pour qu’elles aient des droits, des pensions, pour pouvoir vivre, continuer à vivre.


Elle était absolument féministe, on peut le dire. Son combat, les manifestations qu’elle a menées avec ses camarades de la CGT pour obtenir des droits… Dans un milieu très masculin de décideurs, à l’époque. Elle avait déjà un certain âge, elle n’était pas tout le temps disponible. Elle était à la bourse du travail à Alès pour aider certaines personnes à remplir leurs papiers.


Le féminisme était présent aussi chez ma mère. Quand une femme s’engage pendant des années à défendre les femmes battues, à les accueillir, à les reloger, à faire en sorte, parfois, de trouver un job dans une autre ville pour qu’elles puissent fuir leur foyer… Quand t’entends ces conversations, quand tu sais que ta mère est en train de faire ça, ça fait partie de toi.


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Brut.