Avortement illégal en France : avec Brigitte, militante du MLAC

"Je n'ai pas voulu que d'autres femmes vivent dans cette détresse." Dans les années 70, bravant l'interdiction d'avorter, de nombreuses femmes s'entraidaient en secret. Brigitte était l'une d'elles. Elle raconte.

“L'aspiration se faisait avec une pompe à vélo inversée”


En 1973, Brigitte habite dans une cité de Seine-Saint-Denis. Elle est mineure. Elle se retrouve enceinte. “Ma voisine plus âgée, qui était au MLF, a décidé de m’aider. Elle m’a accompagnée auprès d’une gynécologue qui pratiquait seule dans son cabinet le week-end. C’était un geste militant, c’était gratuit” se souvient Brigitte.
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“C’est après cet avortement que j'ai été sensibilisée, que je n'ai pas voulu que d'autres femmes vivent dans ces contraintes et cette détresse. J'ai décidé avec d'anciennes copines du lycée de créer un groupe MLAC où nous habitions”. Le MLAC, c’est le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception. Brigitte et les autres volontaires ne pratiquent pas elles-mêmes d’avortements mais elles accompagnent les femmes au Jardin des plantes pour des départs en Angleterre et en Hollande qui étaient organisés en cars par le MLAC national, “pour des avortements qui se faisaient là-bas”.
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“C'est grâce à notre combat, de tous les groupes, que la loi Veil a été votée”


Arrivée à Paris, en 1974, Brigitte rejoint un groupe qui pratiquait des avortement. “Là, j’ai appris avec les anciennes, qui avaient appris elles-mêmes auprès des médecins. On commence par faire une piqûre aux femmes pour éviter ce qu'on appelle le choc vagal. L'aspiration se faisait, dans notre groupe, avec une pompe à vélo inversée. En général, ça durait un quart d'heure. On n'était jamais seule pour faire ce geste. Il y en a une qui tenait la main, l'autre qui prenait la douleur, ou l'autre qui passait les instruments, et donc il y avait tout accompagnement autour de la femme” décrit Brigitte.
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“Le vote de la loi Veil, c'est vraiment notre combat. Et c'est grâce à notre combat, de tous les groupes, que cette loi a été votée. Bien sûr, Simone Veil a fait ce travail politique extrêmement important à l'Assemblée et elle a été très courageuse pour le mener, mais avant, il y avait tout ce mouvement”. Le MLAC est mis en lumière au cinéma par le dernier film de Blandine Lenoir, Annie Colère, avec Laure Catamy, Oscar Lesage et Josiane Balasko. Dans ce film, Annie, ouvrière et mère de deux enfants, tombe enceinte. Elle découvre alors le MLAC, mouvement avec lequel elle va partager le combat.
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