Alexandra Rubinstein se bat contre l'inégalité de traitement femmes / hommes dans l'art

Pour lutter contre l’objectification de la femme, elle a décidé d'inverser les rôles. Alexandra Rubinstein peint des hommes nus. Elle raconte.

Alexandra Rubinstein peint des hommes nus pour lutter contre l’hypersexualisation des femmes


« Mon travail consiste en quelque sorte à placer la femme dans le rôle de consommatrice », explique l’artiste.


Dépeindre les hommes comme des objets. C'est la démarche d'Alexandra Rubinstein, artiste peintre. « Mon travail consiste en quelque sorte à placer la femme dans le rôle de consommatrice », résume Alexandra Rubinstein. Sa spécialité : peindre des hommes nus. « Il y a beaucoup de censure autour du sexe masculin et je pense que c'est parce qu'on a l'habitude de le voir comme quelque chose de menaçant », estime l’artiste.


« Cette idée très directe de représenter le point de vue des femmes et leurs fantasmes »


Dans nos sociétés, les représentations des femmes sont plus sexualisées que celles des hommes. C’est contre cette inégalité de traitement qu’Alexandra Rubistein se bat au quotidien avec ses œuvres. « Si on ne fait que représenter la figure féminine encore et encore, sans en faire autant lorsqu'il s'agit de représenter les hommes, alors on ne fait que perpétuer cette idée que les femmes sont des objets à consommer », assure-t-elle.


Dans sa série Thirsty, la peintre utilise des corps d’hommes pour décorer des objets, une démarche souvent réalisée avec les femmes, notamment dans la publicité. Dans sa série A Dream Come True, elle représente des hommes célèbres qui font des cunnilingus à des femmes. « Ça a commencé avec cette idée très directe de représenter le point de vue des femmes et leurs fantasmes, ce que l'on ne voit pas vraiment dans les médias traditionnels, même dans la pornographie », raconte l’artiste.


« J’ai ressenti cette colère car j’étais scrutée et perçue comme un objet »


Alexandra Rubistein rejette l’idée selon laquelle les femmes seraient passives dans leur sexualité. « Nous avons de l'assurance, c'est ce que j'explore aussi. » Depuis son plus jeune âge, elle réfléchit aux attentes de la société envers les femmes. « J'ai été élevée par des parents russes. Cette culture représente une grosse part de mon éducation. En grandissant, j’avais l’impression qu’il y avait deux choses que je pouvais apporter à la société : mon physique et ma sexualité, ou mon rôle de mère », regrette la peintre.


Sa carrière d’artiste est donc une rébellion contre ces stéréotypes de genre. « J’ai ressenti cette colère car j’étais scrutée et perçue comme un objet et je n’avais droit à aucune autonomie. Ça me semblait presque interdit, en tant que femme, de traiter ce sujet, d’utiliser un humour cru dans mon travail. »


« Si on voyait plus souvent le sexe masculin, il perdrait en son pouvoir sur nous. »


Alexandra Rubistein constate aujourd’hui beaucoup de censure autour du sexe masculin, celui-ci étant souvent considéré comme quelque chose de menaçant. Pour elle, c’est parce qu’on ne le représente pas assez. « Si on le voyait plus souvent, il perdrait en quelque sorte son pouvoir sur nous. »


L’artiste espère ainsi que son travail encouragera les femmes à s’affirmer sexuellement. « Notre culture a tendance à punir les femmes. Elles intériorisent tellement la culture du "slut-shaming". Pas seulement pour leurs actions, mais aussi dans l’expression de leur sexualité. Je souhaite que mon travail pousse les gens à remettre en question leurs réactions, leurs idées et leur jugement. »


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