Victime d'inceste, Eugénie témoigne
"Je suis sortie de ma chambre, honteuse, j'avais l'impression d'avoir fait une bêtise. Ma mère m'a demandé de ne pas en parler." Enfant, Eugénie a été victime d'inceste. Aujourd'hui, elle a décidé d'en parler.
Le témoignage d’Eugénie, victime d’inceste
Enfant, Eugénie a été victime d’actes incestueux provoqués par son grand frère, lui-même à l’aube de l’adolescence. Pour Brut, elle raconte son histoire, sa reconstruction et sa volonté de briser un tabou.
Un événement passé sous silence
De ses 5 à 8 ans, Eugénie a subi des gestes incestueux de la part de son grand frère, alors âgé de 6 ans de plus qu’elle. Un jour, la mère d’Eugénie a surpris un acte, mais n’a préféré pas réagir, refermer la porte. Eugénie se souvient alors d’un sentiment de honte, de culpabilité : “J’avais l'impression moi d'avoir fait une bêtise.” Sa mère lui demande finalement de garder le secret.
Une difficile construction en tant qu’adulte
Eugénie explique avoir eu beaucoup de difficultés à se construire en tant qu’adulte et femme, et plus particulièrement à avoir une relation saine à sa sexualité. “On va forcément vers des gens qui nous font du mal, vers des gens qui nous abusent, puisqu’on a été abusé une fois et qu’on ne nous a jamais dit que ce n’était pas normal” décrit la jeune femme.
Eugénie affirme avoir connu plusieurs schémas et comportements d’auto-destruction, par des moyens divers, alcool, drogues…Construire une relation stable est particulièrement complexe, même si la jeune femme se sent enfin heureuse depuis un an et demi avec son partenaire. “C’est la première fois de ma vie que ça m’arrive, que je m'autorise, moi, à être aimée pour ce que je suis vraiment et pas pour ce que je crois que je suis.” avoue-t-elle.
“Mon frère, à l’époque, était un enfant”
Eugénie souhaite nuancer la responsabilité de son grand frère, à l’époque encore enfant. Elle déplore l’erreur des adultes autour d’eux : “S’il est bourreau, c'est qu'on ne lui a pas expliqué qu’il devait pas faire ça donc il y a déjà un manquement de l’entourage à ce niveau-là”
Elle estime qu’une prise en charge aurait été nécéssaire : “Il aurait pu être jugé et être blâmé pour ce qu’il avait fait mais je pense qu’il aurait eu besoin d’un accompagnement derrière. Parce que ça s’est arrêté mais ça aurait pu, aussi, ne pas s’arrêter” Ce n’est qu’une fois adulte qu’Eugénie a pu trouver une psychologue à l’écoute, affronter son histoire, être reconnue en tant que victime d’inceste.
Le tabou de l’inceste aujourd’hui
“Au-delà des faits qui sont terribles, je trouve que le pire dans l’inceste, c’est tout le traitement qu’il y a après” déclare Eugénie.
Elle déplore un malaise ressenti auprès des proches, mais aussi au sein de la société qui n’offre pas un espace libre pour en parler. “Pourquoi je devrais me sentir gênée d’en parler ? Pourquoi je devrais me sentir gênée de l’avoir vécu alors que c’est pas de ma faute ?” demande la jeune femme.
Guérir
“* Il faut prendre le problème à bras le corps. Il ne faut pas le fuir*”, conseille Eugénie, convaincue qu'il est possible de travailler sur le traumatisme et de développer des relations saines, malgré les difficultés.
“Et moi, j’ai été pendant très longtemps dans la colère à me dire : 'Mais non, ce n'est pas à moi de faire un travail sur moi-même, on m’a fait du mal, il faut que ce soient les gens qui réparent ! ' Puis tout a changé le jour où j’ai compris qu’il fallait que ça vienne aussi de moi et que moi j’ai eu envie aussi de guérir de ça”, conclut la jeune femme.
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1042 commentaires
Nelly C.
8 heuresIl est conscient pardon 14 ans sa m'énerve. Il savait que c'était mal..enfoiré
Emilie I.
8 heureshttps://www.bayard-jeunesse.com/infos/pour-bien-grandir/bayard-jeunesse-realise-un-livret-de-prevention-des-violences-sexuelles-faites-aux-enfants/
Colette R.
10 heuresVous êtes inspirante, merci de votre transparence 💜
Estelle N.
10 heuresQuelle force et quelle courage Eugénie une femme vraiment exceptionnelle d'oser dire la vérité whaooo magnifique
Deniz H.
11 heuresArrêter de le défendre svp ! C’est une insulte aux victimes !
Myriam A.
11 heuresVotre maman n est pas a la hauteur comment elle peut laisser faire ça sur sa fille par son propre fils c'est impensable même la grand-mère ma pauvre enfant c'est terrible bonne chance dans votre vie
Sylvie D.
11 heuresEn tant que mère, elle n aurait jamais dû refermer la porte...mais secourir sa fille de 5 ans
Marie N.
11 heuresBravo Mademoiselle pour ces,mots et pour le dire! Bon courage et belle vie à vous!
Claudine D.
12 heuresPersonnellement je me pose la question du : comment votre frère âgé au départ de 10 ans avait déjà notion des rapports sexuels y avait-il déjà de base chez vous un passif entre votre père et votre frère? Qui expliquerait qu'il en arrive à "reproduire" ce genre d'actes.
Van O.
12 heuresEn plus la dame sourit c'est qu'elle à aimé. C'est claire. Une victime ça se voit sur l'expression du visage...
Marie P.
13 heuresJ'ai décrocher as "Il avais 14 ans et n'était pas responsable de ses actes" ... Il savais que c'était mal mais il l'a fait pareil.. Il était absolument responsable de ses actes et la mère aussi car elle n'a absolument rien fait pour aider sa fille!!! Je suis désolée pour vous!!
Liliane M.
13 heuresMerci pour cette vidéo.. Mais si votre frère avait 14 ans.. Il devait savoir le bien et le mal.. C'est peut être un enfant... Mais à cet âge on est pas idiot
Audrey S.
13 heuresMa mère a su que mon beau-père me touchait. Quand j'ai eu 10 ans, elle a raconté à toute la famille qu'elle quittait mon beau père car il me touchait. Soit disant elle serait allé à la police pour ça. Mes tantes et mon beau père peuvent le confirmer encore aujourd'hui. Tout le monde pense qu'elle ment. Car elle a l'habitude de mentir. Personne ne m'a demandé si c'était vrai. Personne ne m'a parlé ni même ma mère... Mon beau père en rigole. Après l'avoir quitté, elle s'est remis avec 3 ans plus tard. Mon petit frère est né. Et moi je suis morte à l'intérieur. À 22 ans j'ai voulu en parlé, elle m'a traité de menteuse. Je n'ose plus lui en parlé ni même en parler à ma famille. Nos relations sont tellement dissous que j'ai peur de prendre mon petit frère. Il me faudra prouver les faits. Mais je n'ai pas de preuves, à part ma souffrance, les souvenirs et surtout les cauchemars. Je n'ai plus la force de ma battre pour faire attendre ma voix. J'ai vu des psy, et mon compagnon est au courant de tout. J'ai son soutien et celui d'amis fidèles. J'espère que mes enfants ne connaîtront jamais ce déshonore et cet sensation de vide à l'intérieur. Il y a des jours où l'avenir me fait peur. Je me dis que le jour où mon compagnon et mes amis partiront je n'aurais plus personne près de moi. J'aurais mes enfants, mais je n'aurais d'adultes conscients à qui je peux faire confiance.
Janiss Y.
14 heuresJ ai connu une fille qui était touché par son frère pendant des années et quand les choses ont été dévoilé la mère à défendu son fils qui a toujours été le chouchou de la mère et était méchante avec sa fille 😞😞😞
Kat Y.
14 heuresmais quel merde sa génitrice putain
Brigitte C.
15 heuresMerci !
Constant M.
15 heuresEn parler vous a libérée. Si vous croyez en Dieu, c'est un canal de repentance. Vous vous êtes pardonné. Vous avez pardonné à votre frère. Sentez-vous désormais libre Bon courage !
Emilie G.
15 heuresQuelle horreur... La pauvre !!! Sa mère, c'est mon avis, est une criminelle !!!
Khalifa B.
15 heuresAh ces gens du Nord ils changeront jamais
Dina M.
17 heuresElle est forte pour avoir pardonner