Guerre du Vietnam : procès historique d'une victime de l'agent orange

À 79 ans, elle s'attaque à 14 géants de l'agrochimie dont Bayer-Monsanto. Victime comme des millions de Vietnamiens de l'agent orange qui continue de tuer de génération en génération, Tran To Nga témoigne.

Tran To Nga : Elle se bat contre les désastres de l’agent orange, arme chimique utilisée pendant la guerre du Vietnam


Pendant la guerre du Vietnam, les États-Unis ont utilisé un liquide chimique, l’agent orange, afin de détruire les cultures des combattants et les forêts dans lesquelles les résistants se cachaient. 45 ans plus tard, une partie de la population porte encore les marques des ces expositions ultra-toxiques. C’est le combat de Tran To Nga, voici son histoire.


Le parcours d’une résistante


Tran To Nga naît en 1942 dans le delta du Mékong. Malgré la guerre, elle obtient son diplôme universitaire de chimie à Hanoï et s'engage dès le soir même dans la résistance.
Elle marche alors pendant 4 mois pour rejoindre le maquis dans le sud où elle joue un rôle en tant qu’enseignante, avant de devenir reporter.


Les ravages toxiques de l'agent orange


Les États-Unis ont commencé à épandre l'agent orange dès 1961 afin de détruire les cultures et cachettes naturelles des combattants vietnamiens. “Tout de suite après, les feuilles commençaient à tomber, et après, il n’y avait qu’un désert”, se souvient Tran To Nga.


Cet herbicide a été déversé sur 10 % de la superficie du sud du Vietnam et aurait affecté directement entre 2,1 et 4,8 millions de personnes. En 1966, Tran To Nga se retrouve pour la première fois directement exposée à un épandage. Elle tombe enceinte un an et demi plus tard. Sa fille tombe rapidement malade, 3 jours après sa naissance : “La peau tombait en lambeaux, et elle commençait à avoir du mal à respirer. Ma fille était condamnée d’avance”, explique-t-elle. Sa fille décède à tout juste 7 mois.


Les conséquences au long terme


En s’infiltrant dans les sols, les rivières, l'agent orange a impacté toute la chaîne alimentaire, provoquant de lourdes malformations, des cancers, des maladies neurodégénératives…En 2011, des analyses ont prouvé que Tran To Nga et ses deux autres filles avaient développé plusieurs pathologies directement liées à l'exposition à l'agent orange. “Dans ma famille, on arrive à la troisième génération victime de l’agent orange", affirme-t-elle.


Aujourd'hui devenue citoyenne française, Tran To Nga a décidé de poursuivre les firmes responsables de cet empoisonnement.
Elle conclut : “Mon objectif pour ce combat, c’est de demander justice pour moi et mes enfants, ma famille, mais aussi pour avoir une jurisprudence pour que toutes les victimes de l’agent orange, non seulement du vietnam, mais des autres pays aussi, arrivent à se frayer un chemin pour aller au devant de la justice et la demander pour eux."


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