Ces boulangers font leur pain de A à Z et évitent l'inflation

Leur pain, Claire et Gaël le font de A à Z, de la récolte du blé à la vente sur la place du village. Et cette façon de faire leur évite de subir l'inflation. Brut a visité leur ferme au Vigen près de Limoges.

“Ça fait 3 ans et maintenant, notre pain est toujours à 4,70 € du kilo”


Ça, c'est des sacs que j'ai faits hier et je vais faire le pain après-demain avec, donc, c'est quand même difficile de faire plus frais.” Gaël Le Coz, avec Claire Bernard, sont un couple d’agriculteurs-boulangers. Autrement dit, ils produisent eux-mêmes le blé qu’ils vont utiliser pour leur pain. Ils mettent en place leur activité à la Ferme des Sailles, près de Vigen, en Nouvelle-Aquitaine. “Nous, on est installés depuis trois ans. C'était une ancienne ferme bovine qu'on a réaménagée pour créer deux ateliers: un atelier paysan-boulanger, qui est plus l'atelier de Gaël, et un atelier en maraîchage bio-intensif, qui est plus mon atelier”, explique Claire Bernard.

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Une solution économique et écologique


Cette façon de travailler leur permet de pérenniser leur prix et de ne pas être impactés par les crises. “On va pas être impactés par la guerre en Ukraine et l'augmentation du prix du blé parce qu'on produit notre blé, on produit notre semence. On ne va pas être impactés non plus par l'augmentation qu'il y a eu aussi au niveau de l'azote parce qu'on met pas d'azote sur nos champs, parce qu'on est en bio. Ni par le prix, l'augmentation de l'électricité parce qu'on a un four à bois pour le pain et ni par l'augmentation du carburant, tout simplement parce qu'on produit en ultra local. Et parce qu’on a une surface agricole qui est assez restreinte, puisqu'on ne fait que huit hectares de blé par an, ce qui nous suffit à vivre. Donc on n'utilise pas non plus une quantité de carburant astronomique pour travailler nos sols”, ajoute la maraîchère. 

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On est vraiment dans un projet de production et de vente locale, c'est-à-dire que tout est basé au même endroit. (...) Donc en gros, notre pain, il aura fait, de la semence à la vente, allez, disons 10 kilomètres grand max, sachant qu'aujourd'hui, on sait qu'un pain fait en moyenne plus de 1600 kilomètres entre la semence et la vente”, explique Gaël Le Coz. “Aujourd'hui, justement, l'intérêt, pour nos clients, c'est qu'ils savent qu'en venant consommer, acheter notre pain, ils aident une entreprise qui est résiliente et qui, du coup, leur permettra d'avoir toujours du pain même si on a une crise comme on peut voir aujourd'hui et qu'on va sûrement de plus en plus voir dans les années à venir, quoi.

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“Notre activité n'est pas trop chère en charges”


Avec leur petite surface agricole, acheter à eux-seuls du matériel n’aurait pas été rentable. Ils fonctionnent alors en Cuma, c’est-à-dire qu’ils se partagent, avec des paysans voisins, le matériel nécessaire. “Ça fait aussi vraiment partie du fait que notre activité n'est pas trop chère en charges. Le tracteur que je conduis, aujourd'hui, avec les outils derrière, coûte 90 000 €. Moi, je n'ai pas du tout les moyens et ça ne serait pas du tout logique d'avoir un matériel comme ça pour la taille, la structure et la taille de notre ferme”, détaille le paysan.

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En fait, on n'a quasiment pas d'emprunts au niveau bancaire. On n'a pas acheté la ferme, en fait, on est avec Terre de liens, donc on paye un loyer, certes, mais on n'a pas à rembourser 300 000 € d'achat de ferme. Donc ces choses-là ont fait aussi qu'on n'a pas cette pression et que demain, si on a envie de changer d'activité ou de faire autre chose, eh ben on n'est pas pris par les banques”, ajoute Claire Bernard.

Guillaume Canet pour la sauvegarde de l'agriculture paysanne

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