"Trop de personnes sous-estiment le coronavirus" - Malade, Gianni témoigne

"Ce virus est malheureusement entré dans mon corps. Et il a tué la personne qui m’est la plus chère : mon père."

Brut a interviewé Gianni Zampino, le patient atteint de Covid-19 qui a bouleversé l’Italie


Il pense avoir contracté le virus alors qu’il était en déplacement professionnel. Il estime également avoir contaminé son père, sous dialyse, décédé depuis.


« Bonjour à tous. Excusez-moi pour le masque, mais pour le moment, je ne peux pas parler sans. Je veux faire cette vidéo parce que trop de personnes sous-estiment ce satané coronavirus. En ce qui me concerne, il a bouleversé ma vie depuis 10 jours maintenant. » Ce témoignage d’un Italien, partagé en masse sur les réseaux sociaux, a bouleversé l’Italie.


Ganni a fait plusieurs allers-retours entre Turin et Milan. C’est là qu’il aurait contracté le Covid-19. Sans le savoir, Gianni a probablement contaminé son père de 76 ans. Aujourd’hui, il exhorte tous les Européens à respecter les règles de confinement. Il a accepté de témoigner pour Brut pour faire connaître son histoire et ses remords.


« Ce virus a tué la personne qui m’est la plus chère : mon père »


Ce virus est malheureusement entré dans mon corps. Et il a tué la personne qui m’est la plus chère : mon père. J’ai comme beaucoup sous-estimé le coronavirus. Je croyais que c’était une manœuvre politique, une manœuvre militaire, une blague. Il y a à peu près un mois, j’ai commencé à avoir de la fièvre et une toux sèche. Je ne suis pas vraiment resté à la maison parce que je suis responsable d’une entreprise de trottinettes électriques. Je ne voulais pas laisser mes équipes. Je pensais que ça irait.


J’ai vécu tranquillement pendant un mois. Jusqu’à ce que le siège de Milan m’appelle, et j’ai dû aller y passer une journée. J’y suis allé, tout était normal. Je ne me suis arrêté nulle part. il suffit d’une heure pour y aller. J’ai passé la journée entouré de mes collègues. Au retour, quand je suis arrivé à la maison, vers 20h, j’ai commencé à avoir des frissons. Je me suis dit que c’était lié à la fatigue. En plus, je n’avais pas mangé. C’était un vendredi soir, et je me suis dit qu’il valait mieux aller dormir.


« C’est un cauchemar »


Le lendemain matin, quand je me suis levé, je me suis senti mal et je me suis évanoui. Je n’avais pas envie de manger. Et puis, le mardi, j’ai commencé à avoir des difficultés respiratoires, une grosse fièvre dépassant 38°, je suais beaucoup, et j’avais une toux sèche qui m’empêchait de dormir. Mon frère est venu à la maison. Quand il m’a vu dans cet état, il a appelé l’ambulance. Maintenant, ça fait 10 jours que je suis à l’hôpital. Ce que j’ai vécu, au-delà de la mort de mon père, c’est un cauchemar.


J’ai dit à mon frère de ne rien me dire, parce qu’au fond de moi, je savais que si mon père était contrôlé positif au Covid-19, avec sa dialyse, il ne survivrait pas. Alors j’ai fait en sorte de ne rien savoir. Et un jour, un message de condoléances est arrivé. Là, j’ai compris tout de suite. Mon père et moi, nous avions une relation magnifique. Cela faisait un an et demi que je vivais avec lui. Depuis la mort de ma mère, je prenais soin de lui. Le plus dur, c’est de ne pas avoir pu l’aider à la fin, de ne pas avoir pu aller à son enterrement. De ne pas avoir pu le serrer dans mes bras, c’est horrible.


« Sans la santé, tu n’es rien »


Avant, ce qui m’importait le plus, c’était de m’amuser. J’étais inconscient. Et maintenant, je me rends compte que je n’ai rien fait de ma vie, rien n’a de sens. Tu as beau avoir une belle voiture, un bon boulot, une belle montre, de beaux vêtements… Quand tu es bloqué dans cet état, tu comprends que sans la santé, tu n’es rien. J’aimerais pouvoir profiter d’un dîner, d’une balade, d’une journée à la mer. Parce que quand on vit dans la normalité, on pense que tout nous est dû. Quand il t’arrive ce qu’il m’arrive, tu te rends compte que l’amour et la famille sont les choses les plus belles.


Je ne me rends pas compte de ce qu’il adviendra. Le moment le plus difficile sera certainement quand je rentrerai à la maison et que mon père n’y sera pas. J’aimerais que de ce moment difficile, on retienne que le plus important, c’est de s’aider les uns les autres.


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