Des soignants collent des affiches pour qu'on ne les oublie pas

"On a voulu marquer le coup pour que les gens continuent de penser à nous, de penser à l'hôpital public, au manque de moyens."

Pour qu’on n’oublie pas l’hôpital public, ces soignants collent des affiches


Le 11 mai, jour du déconfinement, ils sont allés coller des affiches dans les rues de Paris. Ils craignent qu’un « retour à la normale » refasse surgir les problèmes de fond de l’hôpital public.


Avec le déconfinement, de plus en plus de Français reprennent le travail et leur mode de vie habituel. De nombreux soignants craignent, alors même que la crise du Covid-19 n’est pas encore terminée, que l’hôpital soit de nouveau délaissé par les pouvoirs publics. Brut s’est entretenu avec des soignants de l’hôpital Saint-Louis à Paris, qui sont allés coller des affiches le soir du 11 mai.


« On veut que la lutte continue »


« On a décidé de coller dès le soir du déconfinement pour marquer le coup après la crise du Covid-19 et être sûrs que les gens ne nous oublient pas. Parce que le problème avec le déconfinement, c’est qu’il y a une espèce de retour à la normale. Les gens reprennent le travail, re-rentrent dans une routine. On veut que la lutte continue et que les gens continuent de penser à nous, de penser à l’hôpital public, à toutes les défaillances, au manque de moyens et au manque de personnel. » - Anna, infirmière


« On collait déjà avant la crise du Covid-19. On collait pour alerter l’opinion publique sur la situation extrêmement inquiétante de l’hôpital public. La crise du Covid-19 a mis en exergue toutes ces problématiques qu’on dénonçait depuis des mois. Cette colère, elle est noire. Ce n’est pas pour nous qu’on manifeste, on n’a aucune revendication propre. Nous, les médecins, on veut juste plus de moyens pour soigner les gens. » - Stéphanie, hématologue


« On se mobilise pour les gens, pour la population »


« On a des revendications pour nos personnels paramédicaux, pour les infirmières, les aides-soignantes, les manip’ radio, les secrétaires. Il faut que tous ces gens soient mieux payés, que leur travail soit mieux reconnu, mais tout ça, c’est dans un but de mieux soigner les gens. C’est pour ça que ça nous met en colère : on se mobilise pour les gens, pour la population. On a besoin que tout le monde nous soutienne et ça fait des mois, voire des années qu’on ne nous entend pas. » - Stéphanie, hématologue


« On avait vu le grand débat organisé par Macron. Le thème numéro 1 qui était sorti, c’était la santé. C’est quelque chose qui n’a jamais été repris par le gouvernement, ça n’a jamais été une priorité. Ce que montrait le sondage, au niveau des soignants, c’était cette histoire d’avoir du temps pour soigner. C’est du temps effectif, technique, du temps pour tenir la main des gens, du temps pour parler avec les personnes malades. Ça, on n’en avait plus. » - Mathieu, infectiologue


« On se méfie des mots, on attend des actes »


« Il fallait toujours faire des soins extrêmement rapidement. Je pense surtout aux aides-soignantes et aux infirmières, qui n’étaient pas en nombre et qui ne pouvaient pas faire leur travail dans des conditions normales. » - Mathieu, infectiologue


« On a entendu qu’il y aurait un plan massif pour l’hôpital, mais on est très inquiets parce que le plan massif, il nous avait déjà été annoncé avant avec le plan « Ma santé 2022 ». Le plan massif, en fait, c’était pas grand-chose. On se méfie des mots, on attend des actes. » - Étienne, hématologue


« Ces quelques semaines ont été humainement assez extraordinaires à vivre »


« L’hôpital public, c’est une vraie chance de notre pays de soigner tout le monde, quel que soit son milieu socioprofessionnel. Il faut que tout le monde ait accès de la même manière aux soins avec la même qualité, avec les mêmes contacts humains. Pendant le Covid-19, on a vu que c’était possible de travailler autrement. Pendant quelques semaines, il s’est passé quelque chose. Les administratifs, ils nous écoutaient, ils faisaient ce qu’on disait. » - Stéphanie, hématologue


« Ça a duré que trois, quatre semaines où vraiment, on a vu que dès qu’on réclamait quelque chose au service du patient, on l’obtenait. Ça nous concerne, évidemment, le coût de la santé, on n’est pas complètement naïfs et on est des citoyens, on ne veut pas que l’argent de nos impôts soit gaspillé. Mais il faut que ces quelques semaines, qui ont été humainement assez extraordinaires à vivre, il faut que ça soit la norme. » - Stéphanie, hématologue


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