Le quotidien des derniers gardiens de phare en France

Brut s’est rendu sur le plus ancien phare de France toujours habité. Dans l’estuaire de la Gironde, Pierre et Thomas veillent sur ce lieu hors du commun.

À la rencontre des gardiens du dernier phare habité de France


Thomas et Pierre sont les gardiens du phare de Cordouan, situé dans l’estuaire de la Gironde. C’est le plus ancien phare encore en activité et le dernier à être habité par des gardiens. Brut les a rencontrés.


Lorsque la mer descend, tout le monde peut accéder au phare. C’est à ce moment-là que les visites commencent. Mais ce n’est pas le seul aspect du travail de gardien de phare. Une fois les visites terminées, l’entretien du phare commence. « On est vraiment des gardiens d’immeuble (…) j'imaginais quand même que le travail était quand même beaucoup plus porté sur le feu, sur sa fonction, sur la signalisation marine, sur le secours aux bateaux et c'est pas du tout le cas » raconte Thomas, gardien du phare de Cordouan.


Finalement, le travail de gardien de phare, c’est surtout beaucoup de nettoyage : « C'est pas mal de balai, pas mal de cuivre à astiquer, pas mal de plancher à cirer » énumère Pierre, gardien de phare. Mais c’est surtout leur lieu de travail qui plaît aux gardiens : « On vit dans un lieu, un lieu qui est exceptionnel, parce que le bâtiment, lui, est exceptionnel, mais c'est tout l'environnement aussi qui est assez incroyable. Pouvoir travailler comme ça (…) face à l'océan. C'est génial, c'est rêvé » estime Thomas, gardien du phare de Cordouan.


« Il y a toujours besoin de bricoler des trucs »


« Ça fait bientôt quatre ans, je suis arrivé pour un été, en saisonnier au début, et puis, je suis là surtout les étés » déclare Pierre, gardien du phare de Cordouan. Chacun des quatre gardiens a sa chambre, puisqu’ils vivent dans le phare lorsqu’ils travaillent. Le phare fonctionne à l’aide de groupes électrogènes et nécessite donc un peu de gazole, qui est également utilisé pour le chauffage. La salle des carburants est dédiée au stockage de l’essence et des outils : « Il y a toujours besoin de bricoler des trucs, réparer des trucs » lance Pierre.


Mais la « *pièce sacrée¨ » du phare se trouve au sommet du bâtiment : « À l'intérieur, il y a une ampoule (…) elle fait 250 watts et ça éclaire pas si fort que ça, en fait. C'est tous ces prismes. C'est des triangles de verre et quand la lumière traverse un triangle, elle change de direction. Donc les rayons de lumière, qu'ils aillent vers le haut ou vers le bas, quand ils sortent de la lentille, ils vont tous vers l’horizon » explique Pierre. Le phare de Cordouan a un signal de 3 secondes, 3 secondes, 1 seconde.


Une vie au rythme des marées, à l’écart du monde


Contrairement à ce que Pierre pensait en arrivant au phare, le métier de gardien n’est pas vraiment solitaire : « J'imaginais le gardien de phare coupé du monde et en fait, on a des moyens de communication, on a beaucoup de touristes qui viennent nous voir tous les jours en été. En hiver, on a les ouvriers qui vivent avec nous sur le phare » précise Pierre, gardien du phare de Cordouan.


Néanmoins, les gardiens de phare sont « un peu à l'écart du monde » et n’ont pas le même rythme de vie : « On vit avec les horaires de marées, on ne vit pas avec la montre, on vit avec la météo » explique Pierre. « Tout le temps où la marée est haute, nous, on est isolés sur le phare. Il y a la mer tout autour derrière la porte. Et dès que ça commence à baisser et dès qu'on peut ouvrir la porte, les premiers bateaux arrivent » ajoute le gardien du phare de Cordouan.


Mais alors pourquoi ce phare est le dernier phare habité ? « Je crois que c'est parce qu'on peut. Il y a de l'espace, c'est confortable, c'est le roi des phares, c'est monumental, il est magnifique, il est grandiose » estime Thomas. « Pour préserver le patrimoine… Et puis pour le faire partager » ajoute Pierre.


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