Les conséquences du coronavirus pour les agriculteurs

"Nous, on est en train de crever." Voilà les conséquences du coronavirus pour les agriculteurs…

Quatre conséquences de l’épidémie de Covid-19 pour les agriculteurs


On ne pense pas forcément à eux, et pourtant : ils craignent des pannes, des pénuries de main d’œuvre et des problèmes de livraison.


Les difficultés pour vendre localement


« Tout le problème qu’on a, nous, les producteurs en vente directe, c’est que les gens optimisent leurs déplacements. Ils vont dans les grandes surfaces s’alimenter, ils ne viennent plus chez le producteur. On crève, littéralement », témoigne Cécile Chéri-Dubourg, productrice d'asperges.


Comme l’explique l’agricultrice, les restaurants et les comités d’entreprise étant fermés à cause du confinement et la Poste ne fonctionnant plus, les producteurs perdent énormément de chiffre d’affaires. Mais certaines grandes surfaces acceptent de jouer le jeu : « Je suis allée rencontrer un Intermarché, le patron a été génial : il accepte de faire un rabais sur sa marge, et il vend mes asperges au prix de la ferme. Et j’ai été sollicitée par un deuxième Intermarché », se réjouit Cécile Chéri-Dubourg.


La peur de ne pas être approvisionnés pour pouvoir produire


Un grand nombre d’usines de fabrication de cageots et de palettes ferment car ils ne peuvent plus faire travailler leurs salariés à cause du confinement. « Moi, sans cageot, je ne peux plus expédier. J’ai tout une vente sur Paris, et sans cageot, c’est un circuit qui va se fermer », craint Cécile Chéri-Dubourg.


Gilles Pécastaing, producteur de porc, renchérit. « Il y a certains produits, comme le tourteau de soja, qui n’ont pas de prix. C’est-à-dire qu’on va vous faire un prix en fonction de votre demande alors qu’il y a une cotation qui s’établit normalement un an et demi à l’avance. Donc il y a quand même des gens qui profitent de cette situation, il faut être clair. C’est pas forcément des Français, d’ailleurs, puisque c’est plutôt des produits d’importation. »


Le manque de main d’œuvre


De nombreux producteurs d’asperges ne peuvent pas récolter parce qu’ils n’ont pas de main d’œuvre, assure Cécile Chéri-Dubourg. « Plus on avance dans la saison, pire c’est, puisqu’on est habitués à faire venir des personnes de l’étranger pour aider sur les récoltes », détaille la productrice d’asperges.


Toutefois, la solution proposée par le gouvernement de faire venir tous les Français au chômage partiel dans les champs ne lui convient pas, et pour cause : l’agriculture, c’est un métier. « D’habitude, on a affaire à des gens qui connaissent un peu le métier, qui ont l’habitude de faire des saisons. Ce ne sont pas des personnes qui débarquent comme ça ! Désolée de vous le dire Monsieur le ministre, mais c’est quand même un petit peu plus technique que ça, l’agriculture. »


La peur de ne pas être dépannés


« Si on tombe en panne, j’ai aucun garagiste pour réparer mon fourgon », résume Cécile Chéri-Dubourg. Mais les agriculteurs ne peuvent se permettre d’arrêter de travailler, même en panne. « Hier, j’ai voulu commander des pièces, on m’a dit qu’on ne pouvait pas ouvrir un compte à cause du Covid-19. Mais je ne vois pas le rapport entre l’ouverture d’un compte et le coronavirus ! » s’insurge la productrice d’asperges.


Depuis le début du confinement, Cécile Chéri-Dubourg a l’impression que tout le monde se réfugie derrière cette situation. « Mais il y a des gens derrière, des agriculteurs, des hommes, des femmes, il y a d’autres entrepreneurs qui ont besoin des services… Demain si vous tombez en panne de voiture et que vous êtes médecin, que vous avez besoin de vous déplacer, il faudra bien que votre voiture soit dépannée ! »


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Brut.