Nathalie Péchalat dénonce les agressions sexuelles dans le sport

Briser l'omerta sur les violences sexuelles dans le sport. C'est l'objectif d'une tribune signée par 53 sportifs dont l'ex-championne de patinage artistique Nathalie Péchalat. Voici son combat.

Agressions et crimes sexuels dans le sport : la tribune de Nathalie Péchalat


L’ex championne de patinage artistique a signé une tribune avec 53 sportifs pour briser l’omerta.


« On fait face à une des plus grandes crises que le sport ait jamais traversées. Et je pense qu’on n’en est qu’au début, puisqu’il y a énormément de formes de violences sexuelles dans le sport. Là, on parle beaucoup de la relation entraînée/entraîneur, mais il y a aussi des problèmes de bizutage, des problèmes d’emprise, que ce soit par les sélectionneurs, les dirigeants, même le pôle médical… » L’ex-championne de patinage artistique Nathalie Péchalat vient de signer une tribune avec 53 sportifs pour briser l’omerta sur les agressions et crimes sexuels dans le sport.


Depuis les révélations de Sarah Abitbol, plusieurs ex-patineuses artistiques ont également accusé leur entraîneur de les avoir violées quand elles étaient mineures. Pour Brut, Nathalie Péchalat explique sa démarche.


« Peut-être qu’on aurait pu éteindre le feu un peu plus tôt »


Les belles valeurs du sport, les fameuses valeurs de l’olympisme, de fair-play, de solidarité, de respect, c’est ça qu’on va chercher quand on va sur le terrain sportif. C’est révoltant de savoir qu’il y a des enfants, des adolescents, des adultes qui subissent de telles humiliations, de tels traumatismes dans un milieu qui doit être tout le contraire. 


Quand j’ai entendu les premières révélations, honnêtement, je suis tombée de ma chaise. Gilles Beyer et Jean-Roland Racle sont des personnes que j’ai côtoyées tout au long de ma carrière. À part des petites phrases comme « il a essayé de frapper à la porte d’une fille dans la nuit » ou « il a envoyé un texto un peu chaud », on n’avait jamais rien vu, jamais rien entendu. Mais peut-être que cette petite phrase, j’aurais pu en parler. Peut-être que ça aurait pu être répertorié, peut-être que ça aurait pu mener à une enquête. Peut-être qu’on aurait pu creuser, qu’on aurait pu éteindre le feu un peu plus tôt. 


On se sent responsable dans le sens où nos sourires, notre bien-être, qu’on a pu montrer à travers les différents médias quand on gagnait, ont incité des gamins à pousser les portes des clubs sportifs. Et aujourd’hui, on se dit que si c’est pour vivre des choses pareilles, c’est pas possible. À nous de faire bouger les choses pour que le terrain sportif soit vraiment ce qu’il doit être.


« On doit tous se sentir responsable »


Je pense qu’on doit tous se sentir responsable, à tout niveau. Les champions qui passent à la télé avec de grands sourires, les entraîneurs quand ils n’ont pas forcément les codes, les méthodes de travail pour que les gestes ne soient pas forcément mal interprétés, les dirigeants de clubs, de ligues, de fédérations, les bureaux exécutifs, ceux qui ont le pouvoir, qui décident. Les parents, aussi : on est tous dans le même bateau.


Nous demandons quatre mesures-clés. La première : l’ouverture d’une cellule indépendante pour recueillir les témoignages de sportifs. Cette cellule pourra par la suite saisir le ministère des Sports. La deuxième : faire en sorte que les casiers judiciaires et les antécédents de tous ceux qui sont amenés à travailler avec les jeunes soient vérifiés et vérifiables. La troisième : faire évoluer la loi pour qu’un pervers sexuel avéré ne puisse plus être au contact de la jeunesse dans le milieu du sport ou dans un autre domaine. La quatrième : ça concerne tout ce qui est prévention, sensibilisation, pour appeler à la vigilance de tous. 


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