Confinement : certains sans-abri désormais hébergés

Trois semaines après avoir raconté à Brut les difficultés rencontrées par les sans-abri en début de confinement, David est maintenant hébergé dans un hôtel.

Covid-19 : Brut a retrouvé David, SDF à Lille


Depuis la première vidéo, David a été logé dans un hôtel. Les associations estiment qu’en France, 200.000 personnes vivent dans la rue. Aujourd’hui, 172.000 d’entre elles seraient hébergées.


Trois semaines après avoir raconté à Brut les difficultés pour les personnes à la rue en début de confinement, David a trouvé une place d’hébergement dans un hôtel. Il raconte comment sa situation a évolué depuis le début de l’épidémie de Covid-19.


« Il y a eu une agression en pleine nuit »


« J’ai la chance d’être dans un des meilleurs hôtels de Lille. Je me repose, ça fait du bien. Je suis reposé. Depuis le reportage qu’on a fait la fois dernière, il y a eu les ouvertures d’hôtels pour nous, ceux qui sont à la rue », se réjouit David. Avant de se retrouver dans cet établissement, il a été logé près de Lille, place à Lomme Saint-Philibert.


Il y est resté 15 jours, puis a dû quitter les lieux. « Il y a eu une agression en pleine nuit. Le directeur adjoint, qui était de surveillance pour la nuit, s’est fait agresser au couteau par des personnes présentes sur les lieux. Des personnes comme moi, à la rue », se souvient David. 70 personnes étaient logées dans cet hôtel. Toutes ont été transférées.


« Ils n’ont rien, ils n’ont pas de télé, ils sont plusieurs par chambre »


Mais toutes n’ont pas eu la chance de David : certaines ont fini dans une auberge de jeunesse. « Beaucoup ont refusé. Il n’y a qu’une heure de sortie là-bas, par exemple, de 9h à 10h. Après, ils sont obligés de rester confinés. Moi, j’ai la chance d’être dans un très bel hôtel, tout seul en chambre, avec une télé, une salle de bain. Eux, là-bas, ils n’ont rien, ils n’ont pas de télé, ils sont plusieurs par chambre », explique David.


Tous les matins, des employés viennent prendre la température de David et vérifier s’il n’a pas de symptômes du Covid-19. La même chose est faite pour chaque personne logée. « Ils nous demandent comment ça va, si on n’a pas de fièvre, si on ne tousse pas. Il y a un bon suivi. »


« Il faudra bien redonner les chambres d’hôtel à un moment ou à un autre* »


Les associations estiment qu’au total, 200.000 personnes en France vivent dans la rue. Selon le gouvernement, ils sont actuellement 172.000 – l’équivalent de la population de Saint-Étienne – à être hébergés dans des centres d’accueil ou dans des hôtels, comme David. C’est 15.000 de plus qu’au début du confinement.


Toutefois, le ministre du Logement Julien Denormandie tient à rappeler que ces places d’hôtel et d’auberge ne sont pas garanties sur le long terme, mais suelement sur la durée du confinement. « Évidemment que l’activité touristique va reprendre, donc il faudra bien les redonner à un moment ou à un autre », tempère le ministre.


Un appel aux dons lancé par la Fondation Abbé Pierre


Julien Denormandie ajoute : « Notre rôle, avec les associations, c’est de déterminer comment va se passer la période après le confinement. Comment on va pouvoir continuer à mettre à l’abri ceux et celles qui l’ont été pendant cette période de confinement. C’est créer de nouvelles structures, c’est pérenniser un certain nombre d’entre elles. »


Depuis le début du confinement, les associations se sont réorganisées pour reprendre une partie des maraudes et garder le contact avec les SDF qui sont toujours dans les rues. La Fondation Abbé Pierre a par ailleurs lancé un appel aux dons pour constituer un fonds d’urgence solidarité. Il a pour but de financer, avec l’aide de l’État, des tickets service pour faciliter les achats de première nécessité des SDF et d’assurer la distribution de kits d’hygiène.


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