La tenue vestimentaire reste un enjeu pour les femmes politiques

Si pour les hommes politiques, la tenue vestimentaire ne pose pas question, pour les femmes politiques, c'est une autre histoire… Voici pourquoi.

“Ça reste une question que les femmes politiques se posent”


“Chez les hommes politiques, c'est très simple: vous portez un costume-cravate, quoi qu'aujourd'hui la question de la cravate est un peu plus compliquée. Pour une femme politique, ce n'est pas le cas, pour plusieurs raisons.” Sophie Lemahieu est une historienne de la mode. Elle a consacré un livre aux vêtements des femmes en politique, S'habiller en politique : les vêtements des femmes au pouvoir (1936-2022).
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Différents styles, différentes stratégie


Mais d’abord, comment cela se fait-il que la question de la tenue des femmes pose toujours problème? “On a un vaste choix pour se vêtir, mais pas une tenue spécifique qui est considérée comme la tenue digne et élégante. Puis, ce qui se passe, aussi, c'est que les hommes, en France, sont en politique depuis bien plus longtemps que les femmes, donc il y a un vrai habitus qui s'est créé, il y a une coutume du vêtement. Pour les femmes, qui arrivent plus tard en politique, tout est à créer”, explique Sophie Lemahieu.
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Lors de l’élection présidentielle de cette année, on a notamment vu une uniformisation des vêtements des candidates. “Presque toutes avec la même manière de s'habiller, pour éviter les commentaires. On adopte le tailleur pantalon, qui nous évite tout risque, en tout cas on adopte la veste, qui donne cette image sérieuse.” Mais d’autres jouent plutôt sur le fait de sortir du lot, comme Roselyne Bachelot quand elle était ministre dans les années 2000. “Elle n'avait aucune hésitation à porter des tailleurs de couleur, et de couleurs très fortes, à un moment où ses collègues femmes ne le faisaient pas.”
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“Il y a une pression”


La féminité est également au centre de ces choix vestimentaires. “Il y a cette question de féminité qui serait trop exacerbée, au bout d'une certaine mesure, qui devrait exister en politique et qui n'a pas de raison d'être. Marlène Schiappa, elle a été vraiment très, très critiquée pour ses vêtements quand elle était au gouvernement, et notamment, effectivement, pour cette question de trop grande féminité, à un moment où, pourtant, les choses avaient déjà évolué en France et on était passé au-delà du tailleur pantalon, où la robe, la jupe avaient pu commencer à reprendre leur place, depuis Cécile Duflot en 2012.” Cécile Duflot, à l’époque ministre du Logement et de l’Egalité des territoires, a été huée pour avoir porté une robe.
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“Il y a encore vraiment une pression dans les tenues vestimentaires des femmes politiques aujourd'hui. Il y a une vraie évolution, ces dernières années, sans aucun doute, en France. Néanmoins, on constate que ça reste une question que les femmes politiques se posent, ce qui prouve bien qu'il y a une pression, sinon il n'y aurait même pas de question à se poser”, conclut l’historienne.
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