Turquie : sur le terrain avec un secouriste bénévole

Alors que la Turquie entre dans sa deuxième semaine depuis le séisme, les secours s'organisent. Pour Brut, le secouriste bénévole turc Alp Sanalan raconte comment cela se passe sur le terrain depuis le drame.

“Il y a vraiment un fossé entre les besoins des premiers jours et les jours suivant”


“De nombreuses personnes ont rempli leurs véhicules avec tous leurs effets personnels. La plupart d'entre eux sont endommagés, leurs vitres ont éclaté. Ils essaient de les recouvrir de carton, d'y dormir le soir. Pour ces personnes, bien sûr, il faut urgemment des abris, des couvertures, du chauffage et peut-être plus de possibilités de tentes.” Alp Sanalan est secouriste bénévole pour l'ONG Yüdak. Il vient en aide aux personnes touchées par les séismes du 6 février dernier, et leur apporte les premiers secours. 

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“Il n'y a pas d'électricité, les routes sont en désordre”


Deux semaines après l’évènement, les besoins ont évolué. “Aujourd'hui, le logement, le chauffage, la santé, la protection contre les épidémies, comme le choléra et la diarrhée, constituent la priorité. Du carburant, des médicaments, peut-être qu'à long terme, le logement de ces personnes deviendra un enjeu beaucoup plus critique et deviendra une situation qui devra être résolue à moyen et long terme.” L’insécurité grandit également. “Dans le même temps, les pillages se multiplient. (...) Les seuls lieux pillés ne sont pas seulement les épiceries, mais aussi les pharmacies. Tout est sens dessus dessous. Toutes les étagères sont bien sûr vidées, hélas.”

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“Il n'y a pas d'électricité, les routes sont en désordre. Un hôpital de campagne a été construit. Pour le moment, il n'y a pas de toilettes sur le terrain. Il n'y a pas de nourriture digne de ce nom. Le nombre de tentes est insuffisant. De manière générale sur les lieux, nous n'avons malheureusement eu personne en mesure de savoir ou de nous indiquer quelles étaient les zones denses, les lieux d'éboulements denses. Cela a eu un très grand impact émotionnel négatif sur nous”, ajoute Alp Sanalan.

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Des aides bloquées sur les axes routiers


Il y a vraiment un fossé entre les besoins des premiers jours et les jours suivant le tremblement de terre”, avoue le secouriste. “Dans un premier temps, il fallait des interventions poussées des équipes des générateurs, des outils de chantier, des outils de travail légers. Tandis que dès le deuxième jour, les excavateurs, les pelleteuses, les grues entrent en jeu et, sur le terrain, de plus en plus de besoins liés à l'abri et à la chaleur, des besoins sur le long terme apparaissent. Ce ne sont pas les besoins auxquels nous pouvons premiers secours. Notre objectif premier est de se rendre le plus rapidement possible sur le terrain en tant qu'équipe de recherche et de sauvetage légère, dotés de tout notre matériel, de retirer le plus rapidement possible les personnes les plus accessibles et de passer au prochain éboulement.”

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Les aides commencent à venir et à s’organiser, mais leur accès reste toujours compliqué. “Le long de la route, il existe un très grave problème de circulation sur environ 70 kilomètres, il y a un gros problème de trafic, qui est en grande partie verrouillé. Ce problème, c'est principalement l'acheminement des aides. Bien sûr, les gens nous aident. Cependant, une partie de ces aides n'atteindront probablement pas leur destination ou arriveront trop tard.”

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