Un neurologue interpelle Emmanuel Macron sur la crise de l'hôpital public

"Je compte sur vous. — Ah oui, vous pouvez compter sur nous. L'inverse reste à prouver." La réponse cinglante d'un neurologue à Emmanuel Macron en pleine visite de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Il interpellait le Président sur la crise dont souffre l'hôpital public.

Altercation entre un neurologue et Emmanuel Macron à la Pitié-Salpêtrière


François Salachas Neurologue membre du collectif Inter-Hôpitaux, a interpellé le Président, en visite officielle, sur la crise de l’hôpital public.


Le Dr François Salachas, neurologue de l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière et membre du collectif Inter-Hôpitaux, a profité de la visite d'Emmanuel Macron pour l’interpeller au sujet de la crise de l’hôpital. Emmanuel Macron était venu remercier et saluer le personnel médical de cet établissement où est mort le premier Français victime du coronavirus. Brut vous propose la retranscription de cet échange.


« Nous sommes au bout, on a besoin d'un choc » 


Dr François Salachas : Vous savez, quand il a fallu sauver Notre-Dame, il y avait beaucoup de monde pour être ému. Là, il faut sauver l'hôpital public qui est en train de flamber à la même vitesse que Notre-Dame a failli flamber, ça s'est joué à rien. Et là, en ce moment, ça se joue à rien. J'ai pas d'autre chose à dire pour l'instant. Vous pouvez compter sur nous. L'inverse reste à prouver.


Je suis là parce que notre dernier espoir, c'est vous. On est au bout, on est vraiment au bout. On est au bout. Pour l’instant, vous n'êtes pas là. Donnez les moyens au ministre de la Santé, à Martin Hirsch, qui est derrière vous. Donnez-lui les moyens de nous donner les moyens de soigner nos patients. Les personnels hospitaliers, le corps soignant dans son ensemble a fait tous les efforts nécessaires.


« On est passé par un an de déni » 


Dr François Salachas : Nous sommes au bout. On a besoin d'un choc. Vous aimez bien les chocs, donc un choc d'attractivité. Il faut absolument refinancer en urgence l'hôpital public. Je suis vraiment désolé, mais c'est extrêmement important. Je suis pas là p our moi, vous avez compris? Je suis là… Vous savez qui est derrière moi. L'ensemble du corps soignant. Et on peut pas se contenter d'effets d'annonce, je suis désolé. On est passé par un an de déni. Après, on a fait le constat. Maintenant, il faut agir.


Emmanuel Macron : J’ai peur malheureusement qu'on soit passé par beaucoup plus qu'un an de déni. Si vous voulez le fond de ma pensée.


Dr François Salachas : Alors moi, le fond de ma pensée, c'est que kairos, c'est le moment opportun pour le président de la République d'agir, même dans une situation dont il n'est pas responsable, c'est maintenant. Il faut le saisir.


« C'est tout de suite. C'est pas dans six mois. C'est pas dans un an » 


Dr François Salachas : Le risque est grand parce que le système, en tout cas des hôpitaux publics, est actuellement, je dirais, en partie sinistré. En d'autres termes, les moyens qu'il faut injecter pour qu'il y ait des personnels pour s'occuper des lits, c'est des moyens qui sont urgentissimes. Sans injection de moyens rapide, nous ne pourrons pas faire face à ce type de crise. C'est tout de suite. C'est pas dans six mois. C'est pas dans un an.


Emmanuel Macron : Je suis comme vous, je crois au kairos. Mais le kairos doit intervenir dans un moment de vérité. Ce moment de vérité, c'est aussi qu'on n'est pas resté assis sur sa chaise depuis deux ans et demi. Vous me l’accorderez. Je ne suis pas pour attendre, j'ai parfois le sentiment de payer l'addition de beaucoup de comptes qui sont restés non soldés. Je veux bien les prendre, mais je veux au moins avoir un tout petit peu de reconnaissance pour ça. On sera transparent là-dessus.


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