Accouchement : elle témoigne pour casser les tabous

Dans son livre “Toucher la terre ferme”, l’écrivaine Julia Kerninon casse les tabous sur l’accouchement, le couple, la fatigue et la maternité.

“C’est la seule douleur qui soit annonciatrice d’une bonne nouvelle”


“Quand on est en train d’accoucher, la douleur est colossale. Elle est colossale.” Dans son livre “Toucher la terre ferme”, l’autrice Julia Kerninon raconte sans filtre la maternité : son accouchement, son expérience en tant que mère, le couple, la fatigue…


“Pour moi, c’était impossible au départ de comprendre que ça pouvait encore augmenter, encore augmenter, on se dit : je vais tomber dans les pommes. Cette douleur est beaucoup trop forte pour un être humain.


Mais ce qu’elle a de fascinant, c’est qu’à l’inverse de toutes les autres douleurs, plus elle augmente, plus c’est bon signe. Plus elle augmente, plus les contractions se rapprochent, plus le bébé va arriver. Moi, je ressentais de la fierté pour mon bébé qui était en train de faire tout ça.”


La jeune femme explique que c’est une sensation très étrange “de sentir coïncider en soi une douleur faramineuse et une forme de réjouissane. C’est que c’est la seule douleur que je connais qui soit annonciatrice d’une bonne nouvelle.”


Après avoir mis un enfant au monde, de nombreuses femmes souffrent. #MonPostPartnum veut casser le tabou lié aux souffrances après l’accouchement. Illana Weizman est doctorante en sociologie et militante féministe.


Elle nous a expliqué pourquoi elle avait créé ce hashtag sur le post partum, la période après la mise au monde d’un bébé qui peut provoquer notamment une dépression chez certaines femmes.


“On n’a pas une vision hyper claire de ce qui va faire mal”


Julia Kerninon considère qu'on n’entend pas tant que ça de récits d’accouchement détaillés. “On a du mal à les entendre aussi, c’est pas très clair. C’est aussi un sujet de fierté, l’accouchement, donc une fois que c’est passé, on a toutes envie de raconter que ça s’est super bien passé et on ne s’attarde pas sur les détails.”


L’écrivaine explique que beaucoup de filles qu’elle connaissait et qui s’apprêtaient à avoir des enfants avaient une vision très peu claire de la chorégraphie de l’accouchement.


“Qu’est-ce qui va durer longtemps dans un accouchement ? C’est pousser ? C’est le moment où le bébé sort ? Bah non, c’est ce qu’il se passe avant. Ce qui dure longtemps, c’est tout le moment où le bébé descend. Et ça, c’est pas clair du tout.


On n’a pas non plus une vision hyper claire de ce qui va faire mal. Ce qui va faire mal, c’est quand le bébé, il passe dans le bassin. C’est les os qui font mal quand on accouche.”


Si être enceinte est une expérience qui a été de nombreuses fois documentée, l’acte de donner naissance à un bébé l’est au contraire très peu. Sans tabou, l’actrice et scénariste Honorine Crosnier raconte aussi la vérité sur l’accouchement. Récemment, de nombreuses jeunes mamans ont libéré la parole et partagent leurs témoignages sur la naissance et leur expérience à la maternité.


“Je pensais que l’accouchement, ça allait être un black-out”


“Je pensais vraiment que l’accouchement, ça allait être un black-out. J’avais choisi d’avoir un enfant, je savais dans quoi je m’engageais, mais je pensais que quelque part, pendant la grossesse, ou pendant l’accouchement, ou très peu de temps après, vraiment, ma mémoire allait s’effacer de mon disque dur et j’allais devenir une tout autre personne.


Et donc que j’allais devenir très compétente dans ce domaine, à qui ça ne posait pas particulièrement de problème qu’autant de son temps soit pris par ça, et que j’allais, oui, vraiment, faire table rase de tout ce que j’avais été avant et de tout ce que j’avais été avant qui n’était pas du tout maternel. En fait, je n'arrivais pas à comprendre comment ça allait coïncider, ma vie non-maternelle et ma vie maternelle.


Je pensais vraiment que plus rien ne serait plus jamais pareil. Et en fait, certaines choses ont changé mais pas toutes. Donc, d’une certaine façon, c’est sans doute ça qu’il raconte, ce livre. Il raconte cette chose de : “Je suis allée visiter le pays des mères mais je suis toujours l’envoyée spéciale que j’étais avant d’y aller.”


"La position allongée avec les jambes repliées, c'est pratique pour le gynécologue-obstétricien mais c'est la pire position pour aider le bébé à sortir." Lucile Gomez a écrit une BD où elle se pose la question suivante : et si on repensait l'accouchement ?


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