Ukraine : le charnier de Boutcha, une scène de crime

A Boutcha, près de Kiyv, un grand charnier a été découvert. Les troupes russes y ont jeté des cadavres de victimes civiles. Charles Villa était sur place.

“Des dizaines et des dizaines de cadavres de victimes civiles”


Le 24 février dernier a marqué le début de la guerre en Ukraine. Charles Villa, Grand reporter pour Brut, s’est rendu dans la ville de Boutcha, près de la capitale Kiyv. Il raconte ce qu’il y a vu.


“Il y a un grand charnier où les troupes russes ont jeté des dizaines et des dizaines de cadavres de victimes civiles qu'ils ont tuées pendant qu'ils occupaient la ville.


Actuellement, il y a une équipe d'enquêteurs, de police scientifique, qui sont en train de récupérer les corps. Ici, c'est une véritable scène de crime.


Donc, ils essayent de récolter des preuves pour savoir qui a commis ces actes et ils essayent aussi de récupérer les effets personnels pour confirmer l'identité des personnes et ensuite rendre les corps aux familles.”


Comme d’autres Ukrainiens, Igor, un habitant de Boutcha, est venu identifier l’un de ses amis : “Je crois savoir qu'il est censé être enterré ici. Il a été tué le 5 mars. Mais j'aimerais savoir s'il est vraiment là. Il faut l'identifier et peut-être en apprendre plus.”


Les images que l'on peut voir peuvent faire figure de massacre. De nombreux corps inanimés ont été jetés dans la fosse.


Le président russe Vladimir Poutine est accusé de crime de guerre en Ukraine. Voici 4 questions simples sur les crimes de guerre.


“Ces corps vont partir dans différentes morgues car la plupart des morgues sont déjà débordées”


“Ça fait plusieurs heures que les enquêteurs travaillent et ils ont déjà sorti plus d'une vingtaine de corps. Tous ces corps vont partir dans différentes morgues de la région de Kyiv.


Ils sont obligés de les répartir parce que la plupart des morgues sont déjà débordées et ensuite, les cadavres vont être analysés puis restitués aux familles qui les ont identifiés” explique Charles Villa, sur place.


Anatoly Fedoruk est le maire de la ville de Boutcha. Il déclare : “Les orcs russes tuent dans nos rues, nos maisons et nos foyers.


Nos cœurs souffrent pour chaque habitant de Boutcha à cause de ces atrocités que nous voyons, nous contemplons et nous constatons.”


Charles Villa décrit que des démineurs sont en train de vérifier autour du charnier et autour du bâtiment si les russes n'ont pas laissé des explosifs, des mines pour faire encore plus de victimes.


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“C’était des civils, des personnes âgées et des jeunes”


Prêtre dans l’armée ukrainienne, Dimitri Prisyazhniy, affirme : “Pendant l'occupation de Boutcha par les troupes russes, une exécution massive de nos compatriotes a eu lieu ici. Je n'affirme pas que c'était à cet endroit précis.


Mais c'est ici, dans cette fosse commune, que les gens ont été amenés. C'étaient des civils, des personnes âgées et des jeunes. Mais ils n'étaient pas des militaires. Ils étaient des innocents tués par ces monstres.


C'est une tombe commune. Il est difficile de dire exactement combien de personnes sont enterrées ici sans prière, sans cérémonie religieuse. Certains disent 150, d'autres 230, mais pour autant que je sache, l'exhumation est toujours en cours.


Lorsque le nombre de personnes enterrées ici sera connu, il sera annoncé officiellement.”


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“Des bêtes… Des animaux qui nous torturent nous et nos enfants”


Une grand-mère habitante de Boutcha pleure la perte de sa belle-fille et de ses petits-enfants. Debout devant leurs tombes, elle raconte : “Mes petits-enfants n'ont pas réussi à survivre dans cette guerre maudite, soit-elle maudite. Maudit soit ce Poutine qui a envoyé ces fascistes sur notre sol.


Des bêtes… Des animaux qui nous torturent, nous… et nos enfants. Que lui ont-ils fait de mal pour qu'on les tue comme ça ? Ils partaient vers le parc de Tchernobyl et une voiture russe roulait à leur rencontre. Les russes sont arrivés et ont commencé à leur tirer dessus. Ils les ont abattus.


J'ai déjà vécu ma vie. Je ne veux pas vivre dans ce monde sans eux. Comment puis-je vivre dans ce monde ? Ma petite-fille, mes chers petits anges, puis-je vivre sans vous?”


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