Grenoble : le témoignage de Walid, qui a sauvé deux enfants d'un incendie

"Je ne pensais pas aux blessures, je pensais à la vie des enfants." Il fait partie des Grenoblois qui ont sauvé deux enfants des flammes en les réceptionnant après un saut du 3e étage. Ému, Walid raconte.

Walid a sauvé deux enfants pris dans les flammes


Les deux enfants avaient sauté du troisième étage. Avec d’autres riverains, il les a réceptionnés et leur a sauvé la vie.


À Grenoble, avec plusieurs habitants du quartier de la Villeneuve, quelques minutes avant l’arrivée des pompiers, Walid Athoumani a sauvé deux enfants de 3 et 10 ans pris dans les flammes. Il raconte.


« On s’est cassé les bras ou les doigts, ça veut rien dire du tout »


On criait, on criait  : « Allez, allez, allez, allez, allez, on se met ensemble, on se met ensemble. » Et là, l’enfant est tombé. On a tendu les bras pour le réceptionner. Tout le monde dans le quartier était là, ils criaient à l’autre enfant : « Allez, sautez, sautez, sautez. » Je salue les enfants, surtout le dernier, qui était courageux pour envoyer d’abord le petit et puis lui-même.


Oui, oui, on leur a sauvé la vie. Je me sens tellement fier, je suis totalement ému. Ce sont des vies… Je n’en reviens pas de ce qui s’est passé. Hier soir, j’ai pas dormi du tout. C’était pas un problème mais psychologiquement, c’était plus fort. C’était plus fort de se dire qu’on avait sauvé deux vies. On s’est cassé les bras ou les doigts, ça veut rien dire du tout. Ça va passer. Mais les enfants, ils resteront là et ça restera dans la mémoire de tous les gens qui étaient là.


« Ce sont eux qui prenaient le risque. Ce sont eux, les héros »


On voulait casser la porte pour rentrer, mais ça ne marchait pas. On est retournés en bas et là, l’idée, c’était de les faire sauter. On s’est mis en bas pour les réceptionner. Eux deux, ils n’ont pas eu de blessures. En tout cas, pas de blessures graves, parce qu’ils n’ont pas touché le sol. Moi et un autre, on s’est cassé les poignets. Il y avait une autre aussi, qui s’est cassé le pouce. On voulait sauver des vies, on les a sauvées. Je ne sentais pas la blessure. Ce à quoi je pensais, c’est la vie des enfants.


Je suis fier de la solidarité qu’on a mise tout le quartier, les participants et les gens qui étaient là à encourager les enfants pour sauter. Parce que c’était pas une décision de petit enfant, sauter d’un bâtiment à une quinzaine de mètres, c’est très haut. Mais par rapport au feu, ils nous ont donné leur confiance, ils nous ont crus, ils ont cru en nous. Ils ont pris la bonne décision pour leur vie. On était beaucoup, on avait confiance en nous, on était costauds. Mais ce sont eux qui prenaient le risque. Ce sont eux, les héros. 


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Brut.