Incendies en Sibérie : la fonte du pergélisol pourrait renforcer le changement climatique

Pendant ce temps-là, non loin du cercle polaire arctique, la Sibérie brûle, et les gaz et virus libérés des sols gelés pourraient avoir des conséquences irréversibles pour la planète…

En Sibérie, 9,26 millions d'hectares de forêt ont pris feu


Ces incendies sont la conséquence d'une vague de chaleur record depuis janvier 2020 en Sibérie, avec un pic à 38 degrés enregistré le 28 juin.


9,26 millions d'hectares de forêt en feu. Ça se passe en ce moment, en Sibérie. Greenpeace estime que c'est l'équivalent de près d'un cinquième de la France qui a pris feu depuis le début de l'année dans cette vaste province russe proche du cercle polaire arctique.


La fonte du pergélisol relâcherait des virus, des bactéries et du méthane


« Nous voyons des images satellite spectaculaires qui montrent l'étendue de la surface brûlée. Le front du feu actuellement actif le plus au nord est à moins de huit kilomètres de l'océan Arctique. Cela ne devrait pas arriver », alerte Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale. Ces incendies sont la conséquence d'une vague de chaleur record depuis janvier 2020 en Sibérie, avec un pic à 38 degrés enregistré le 28 juin, là même où la température peut chuter jusqu'à près de -60 degrés l'hiver.


« Ce qui se passe en Sibérie est extrêmement inquiétant. Non seulement pour la Sibérie, mais aussi pour l'ensemble de la planète. Les feux de forêt rejettent d'importantes quantités de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Ils se produisent parce qu'il y a une vague de chaleur sans précédent en Sibérie qui risque d'affecter le pergélisol, la partie du sous-sol qui est gelée en permanence. Elle contient deux choses très dangereuses pour nous : de grandes quantités de virus et de bactéries et du méthane, un gaz à effet de serre environ 30 fois plus nocif que le dioxyde de carbone », détaille François Gemenne, chercheur et membre du Giec.


Les fumées ont plongé les 300.000 habitants de la ville de lakoutsk dans le brouillard


Si l'ensemble de ce méthane était relâché dans l'atmosphère, le changement climatique deviendrait hors de contrôle, prévient le chercheur. En termes scientifiques, on appelle ça « une boucle de rétroaction ». « Ça veut dire que le changement climatique s'entretient de lui-même. Nous pouvons désormais dire que cette vague de chaleur exceptionnelle qui touche la Sibérie depuis maintenant six mois est rendue 600 fois plus probable à cause du changement climatique. Bien entendu, elle va accentuer la fonte du pergélisol, qui lui-même va renforcer le changement climatique. »


Les autorités russes ont annoncé lutter contre près de 200 incendies dans la région, dont les fumées ont plongé les 300.000 habitants de la ville de lakoutsk dans le brouillard. Des militants écologistes ont mis en cause la gestion médiocre des forêts russes ainsi que le manque de moyens pour faire face aux incendies. Ils ne sont pas sans rappeler les feux de forêt qui ont touché l'Australie et la forêt amazonienne au cours des 12 derniers mois.


« Il y aura de plus en plus de feux de forêt à l'avenir »


« D'une certaine manière, et le Giec l'avait déjà prédit dans ses rapports précédents, il y aura de plus en plus de feux de forêt à l'avenir. Beaucoup de ces feux de forêt seront liés à des vagues de chaleur de plus en plus importantes. Ce qui était exceptionnel par le passé deviendra une certaine forme de normalité », déplore François Gemenne. Il poursuit : « L'impératif aujourd'hui, c'est de voir comment nous allons nous protéger, contrôler ces feux de forêt, nous adapter aux vagues de chaleur qui sont responsables d'une surmortalité importante, et redoubler d'efforts pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. »


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