Inde : une chaîne humaine contre des lois jugées islamophobes

7 millions de personnes ont formé une chaîne humaine de 620 km pour s'opposer à 2 lois jugées islamophobes et anticonstitutionnelles.

Inde : une chaîne humaine pour lutter contre des lois jugées islamophobes


Près de 7 millions de personnes ont formé une chaîne humaine de 620 km de long. L’équivalent de la distance entre Paris et Montauban.


« Personne n’a peur. Des gens à Hong Kong manifestent. Au Chili, ils manifestent aussi. Ils n’ont pas peur. Nous nous opposons à l’État. Ils ne peuvent pas adopter des amendements basés sur la religion », s’insurge une étudiante qui manifeste à Kerala. Dans cet État indien, près de 7 millions de personnes ont formé une chaîne humaine de 620 km de long, l'équivalent de la distance entre Paris et Montauban. Elles manifestent pour les droits des musulmans dans le pays et entendent dénoncer une loi sur la citoyenneté accusée d’être discriminatoire envers les musulmans et anticonstitutionnelle.


La loi facilite l’accès à la nationalité indienne pour les réfugiés non musulmans


Cette loi, adoptée le 11 décembre, c’est le CAA : le « Citizen Amendment Act ». Elle est soutenue par le Premier ministre, Narendra Modi. Le gouvernement la justifie en indiquant vouloir venir en aide aux minorités qu’il juge persécutées dans plusieurs pays voisins, majoritairement musulmans (notamment en Afghanistan, au Pakistan et au Bangladesh). La loi facilite donc l’accès à la nationalité indienne pour les réfugiés non musulmans. « Ce projet de loi ouvre la voie à la citoyenneté indienne pour les hindous, les sikhs, les bouddhistes, les jains, les parsis et les chrétiens qui sont venus de ces pays en raison de persécutions religieuses », détaille Amit Shah, le ministre indien de l’Intérieur.


La Constitution indienne garantit pourtant l’égalité de traitement des citoyens. En Inde, l’islam est la deuxième religion après l’hindouisme. Les manifestants craignent que cette loi vise à privilégier la religion hindoue et monte les population les unes contre les autres. C’est en tout cas ce que confie un manifestant : « Ce que dit notre Constitution, c’est que nous sommes tous uns. Nous sommes indiens. Nous ne sommes pas hindous. Nous ne sommes pas musulmans. Nous sommes indiens. » Le ministre en chef de l’État de Kerala a pour sa part annoncé qu’il s’opposait à cette loi, et qu’il refuserait de l’appliquer dans sa région, qui compte 35 millions d’habitants, dont un quart de musulmans.


Un registre qui imposerait à chaque résident de prouver sa citoyenneté


Partout en Inde, des millions d’étudiants, de femmes et d’enfants chantent, organisent des sit-ins et se réunissent pour défendre les libertés individuelles. Les manifestants dénoncent également la création par le gouvernement d’un « registre national des citoyens », le NRC, qui imposerait à chaque résident indien de prouver sa citoyenneté. L’objectif de ce recensement est d’identifier les personnes en situation illégale. De nombreux musulmans craignent ainsi d’être déclarés comme étrangers et de se retrouver apatrides.


« Nous n’avons pas confiance dans les intentions de ce gouvernement, et nous savons à quel point il est islamophobe. Peut-être que si mon nom n’est pas sur la liste et que la loi est en place, on ne me donnera pas la citoyenneté. Même si mes parents et mes grands-parents sont dans ce pays depuis un long moment », développe une étudiante. Les mobilisations ont donné lieu à de violents affrontements entre protestataires et policiers. Au moins 31 personnes sont mortes depuis décembre, et des centaines d’autres ont été blessées.


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