Désert médical : un pont aérien reliant Dijon à Nevers

Pendant ce temps-là à Nevers, 8 médecins dijonnais font l'aller-retour dans la journée dans un avion spécialement affrété pour renforcer l'hôpital. 35 minutes de vol pour une première amenée à se répéter à cause de la désertification médicale dont souffre le département de la Nièvre…

“Ma collègue ici, elle est toute seule tout le temps sur place à Nevers”


À l’aéroport de Nevers, un petit avion transportant huit médecins, venant de Dijon, est arrivé ce jeudi. L’objectif : renforcer l'hôpital de Nevers. Parmi eux, la Dr Alice Brie, chirurgienne maxillo-facial. “Je suis venue discuter avec l'équipe ici où il n'y a pas de chirurgien maxillo-facial pour voir ce qu'on peut mettre en place et pour se rapprocher des patients afin de les prendre en charge au plus près et d'éviter qu'ils fassent la route de manière régulière vers Dijon.

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Je pense qu'aujourd'hui, maintenant, malheureusement, on va être obligé, en fait, de pallier le manque d'effectif qui se voit un petit peu partout en France et de trouver des solutions”, ajoute la docteure. Une idée que partage Daniel Barnier, préfet de la Nièvre. “Il faut vraiment que toutes les initiatives innovantes soient encouragées, soient soutenues. Celle-là en était une. Aujourd'hui, vous avez vu, il neige. La traversée aujourd'hui du Morvan, rejoindre Dijon, c'est sans doute plus de 3 heures de route. Donc évidemment, l'avion est un outil extrêmement intéressant.

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“Cet avion évite de très nombreux déplacements”


Cependant la question de la pollution de ce pont aérien vient poser problème. “Je crois que pour faire les comparaisons, il faudrait effectivement comparer ce vol d'avion avec tous ces médecins qui seraient venus en voiture, pour beaucoup d'entre eux, et les patients, qui seraient pour beaucoup d'entre eux contraints à aller à Dijon ou Clermont-Ferrand en voiture. Donc je crois que, lorsqu'on va faire le bilan carbone, s'apercevoir que finalement, cet avion évite de très nombreux déplacements”, répond le préfet. 

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L'hôpital manque d'une trentaine de médecins et d'une cinquantaine de personnels non-médicaux. Dans la Nièvre, un médecin généraliste a environ 2000 patients, quand la moyenne nationale se situe à 864. “Ici, je vais m'occuper des patients de Nevers dont certains parmi eux, sont aussi suivis à Dijon. Ma collègue ici, normalement, elle est toute seule tout le temps sur place à Nevers”, explique la Dr Inna Dygai-Cochet, médecin spécialiste en médecine nucléaire. “Donc, après, il y a trois machines dans le service, il faut les faire tourner, donc normalement, il faut trois médecins, pour le faire tourner constamment.

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“Il faut vraiment que les choses bougent”


Philippe Cordier, adjoint au maire de Nevers, délégué à la santé, décrit la situation alarmante de la ville. “On est en désertification médicale importante. On manque énormément et cruellement de médecins spécialistes. Maintenant, il n'y a plus un dermatologue, hein, pas à Nevers, mais dans la Nièvre, rhumato, on n'en a plus qu'un… Encore une fois, ce n'est pas la solution. Pour moi, c'est une des solutions, qu'on a prise en urgence, mais pour moi, la solution, c'est de trouver des médecins généralistes et spécialistes dans le département.

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Avec cet événement, il pense aussi alerter sur la nécessité d’aider et de trouver des solutions pour les déserts médicaux. “Vous avez des villes, malheureusement, et pas que Nevers, et des départements qui sont dans la même situation que nous, qui sont en désertification médicale.” Un constat que partage Inna Dygai-Cochet : “Il faut vraiment que les choses bougent, des déserts médicaux, de l'hôpital public, qui est laissé à l'abandon, on a l'impression, par notre gouvernement, que l’on ne fait pas assez, depuis des années. Malgré la crise du Covid, on a l'impression que c'est encore pire, comme situation.” Une rotation aérienne par semaine entre Dijon et Nevers est prévue en fonction des besoins et du planning des médecins. Le coût du vol, lui, il est de 5280 euros aller-retour et carburant compris. Il est pris en charge entièrement par le centre hospitalier de Nevers.

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