Proto : un gaz hilarant, mais une pratique dangereuse

Si ces jeunes rigolent, c'est à cause du "proto", du gaz hilarant. Et ils sont de plus en plus nombreux à en consommer. Pourtant, le risque pour la santé est bien réel.

Les dangers du « proto »


Ce gaz hilarant est de plus en plus prisé par les jeunes en France. Mais sous ses apparences festives, il peut entraîner de graves lésions neurologiques.


Du gaz hilarant… devenu problème de santé publique. C’est le protoxyde d'azote, dit « proto ». Ce gaz est contenu dans une bonbonne puis inhalé depuis un ballon. Vendu légalement, il est normalement utilisé par des pâtissiers comme gaz propulseur pour faire de la chantilly ou en médecine pour diminuer la douleur.


« Des personnes ne se sortent pas de leurs lésions neurologiques »


En France, de plus en plus de jeunes en consomment pour ses effets euphorisants, sans en connaître les dangers. En deux ans, dans les centres antipoison, l'Anses a noté 66 intoxications au protoxyde d'azote. « Même si l'effet est très rapide – ça dure 20, 30 secondes – il y a des personnes qui, actuellement, ne se sortent pas de leurs lésions neurologiques », alerte Cécilia Solal, toxicologue à l'Anses.


Les principaux consommateurs de « proto » sont des étudiants et des jeunes actifs. « Certains commencent à peine à travailler et se retrouvent à avoir des difficultés à marcher, à avoir des engourdissements au niveau des mains et des pieds. Ils ne consomment plus de "proto" mais ils continuent à souffrir de ces problèmes-là », constate la toxicologue.


Un simple SMS à des entreprises pour se faire livrer du « proto »


Plusieurs mairies ont pris des arrêtés pour en interdire la vente aux mineurs. Dans certains départements néanmoins, il suffit d'un coup de téléphone à des entreprises pour se faire livrer du « proto » comme on se ferait livrer un repas. Pour Cécilia Solal, il existe un effet de publicité positive, notamment sur les réseaux sociaux. « La tranche d'âge la plus touchée par ces symptômes, ce sont les 20-25 ans. L'information doit se diffuser entre eux assez rapidement », note la toxicologue.


Le « proto » bénéficie par ailleurs d’une bonne image malgré ses dangers. « L'idée qu'on puisse inhaler un gaz qui ne va pas donner la gueule de bois, qui n'est pas une drogue, qui est vendu légalement dans le commerce, qui n'est pas toxique… Tout ça, c'est très positif et c'est très attrayant. Il est fort possible que les consommateurs prennent du "proto" en pensant qu'ils ne risquent rien. »


Parfois, les nerfs sont directement touchés


Les premiers symptômes sont des maux de tête, des vertiges et des pertes d'équilibre. « On peut tomber d'un seul coup, indique Cécilia Solal. On peut aussi observer des tachycardies. Et puis, à distance, ce sont des effets qui peuvent apparaître, soit après, lors d'une soirée, soit après en avoir consommé plusieurs fois. Là, on observe des symptômes neurologiques, des paresthésies, des engourdissements et au niveau des pieds. On a aussi observé des effets périphériques plus graves : des neuropathies. C'est-à-dire que les nerfs sont directement touchés. »


Cet effet de mode a également un impact sur l'environnement : de très nombreuses bonbonnes se retrouvent sur les trottoirs, dans des parcs ou dans les fonds marins. Et une bonbonne de protoxyde d'azote met de très longues années à se décomposer… Une proposition de loi interdisant la vente de « proto » aux mineurs doit être votée d'ici à la fin de l'année.


Maud Le Rest


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