Kentin Payett raconte sa bipolarité

"Il y a le moment euphorique où je me sens très, très heureux, comme si j'étais sous drogue, et l'autre dépressive où j'ai beaucoup d'idées suicidaires." Kentin est atteint de bipolarité, et il a choisi d'en parler sur les réseaux sociaux pour faire connaître sa maladie. Son quotidien, c'est ça.

“J'ai vu 7 psychologues avant d'avoir le diagnostic”


“En fait, je vis plusieurs phases d'humeur.” Kentin Payett habite à Marseille, a 27 ans, et est diagnostiqué depuis quelques années bipolaire. Ce trouble mental fait jongler les personnes entre deux aspects principaux dans leurs humeurs. “Il y a le moment euphorique où je me sens vraiment très, très, très heureux, je me trouve magnifique, je me sens invincible aussi, je dépense beaucoup d'argent et en fait, c'est comme si la vie n’avait aucune limite pour moi. Et l'autre, c'est la phase dépressive où je suis généralement en dépression sévère, c’est-à-dire que je suis très triste, je pleure beaucoup, j’ai une perte d’intérêt pour toutes les choses que j’aime faire en général et j'ai aussi beaucoup d'idées suicidaires”, explique-t-il.
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“C'était quelque chose que je n'arrivais pas à analyser ni à comprendre”


“Actuellement, je suis en phase mixte, c'est-à-dire que je suis en euphorie en même temps qu'en dépression, et les deux phases sont en simultané. Ça veut dire que je suis autant heureux, que j'ai envie de mourir. Ces deux humeurs cohabitent ensemble actuellement, et c'est très compliqué à gérer. Pour moi, la phase mixte, c'est la pire, parce que c'est comme si j'étais partagé entre deux phases de ma personne et je sais pas si je dois aller plus à gauche ou plus à droite, pour trouver mon équilibre, et ça me rend encore plus instable”, ajoute le jeune homme.
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Ses idées suicidaires reviennent régulièrement. “Les idées noires, actuellement, elles sont minimes, parce que je suis très content à l'idée de faire l'interview, mais je sais qu'une fois qu'elle sera terminée, tout va redevenir comme avant et je vais être autant partagé par le bonheur intense que par la dépression.” Mais il n’a su qu’assez tard qu’il était atteint de ce trouble. “Au cours de ma vie, j'ai vu 7 psychologues et 8 psychiatres différents avant d'avoir, justement, le diagnostic du trouble. Quand j'avais 24, 25 ans, j'ai commencé à me poser des questions. J'avais du mal, en fait, à expliquer tout ce qu'il se passait. Je voyais bien que je me sentais très heureux et après que je me sentais très triste, mais c'était quelque chose que je n'arrivais pas à analyser ni à comprendre.”
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“C'est une maladie invisible”


Avoir enfin les réponses à ses questions à fait l’effet d’un choc pour le jeune homme. “Quand j'ai eu mon diagnostic, déjà, je me suis dit : ‘Oh merde.’ Et d'un côté, je n'ai pas été trop surpris, parce que c'est quelque chose dont je me doutais déjà depuis deux ou trois ans, mais je ne savais pas ce que ça allait impliquer. Le fait d'avoir le diagnostic, ça a totalement changé la vision que j'avais des personnes bipolaires en général”, affirme-t-il.
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“J'arrive à avoir des amis, à avoir un environnement social aussi et, quand on me voit dans la rue, on ne se dit pas : ‘Ah bah lui, il est bipolaire.’ Enfin, c'est une maladie invisible, ça reste aussi, du coup, un handicap invisible. Pour moi, le fait d'être bipolaire, ce n'est pas une honte. Même si j'ai eu du mal à accepter le diagnostic, le fait d'en parler sur TikTok, ça ne m'a jamais rendu honteux de la maladie que j'avais, et j'en parle facilement. À partir du moment où j'en parle sur les réseaux, pour moi, ça veut dire que je peux aussi en parler facilement dans la vraie vie.”
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