1968-2018 : les poings levés de Tommie Smith et John Carlos

Tommie Smith et John Carlos le poing levé en plein podium des JO de 1968. C'était il y a pile 50 ans. Voilà l'histoire derrière cette image iconique de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis...

L’histoire des poings levés de Tommie Smith et John Carlos


En 1968, lors des Jeux olympiques de Mexico, sur le podium du 200m, ils ont levé le poing et baissé la tête. Et l’ont
payé de leur carrière.


Poings levés, têtes baissées, devant 400 millions de téléspectateurs. C'est le geste historique de Tommie Smith et John Carlos lors des Jeux olympiques de Mexico en 1968. Un poing levé symbole de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. « Notre revendication était la liberté, l'égalité et non le séparatisme », se souvient Tommie Smith.


En pleine guerre froide et guerre du Vietnam


Une revendication politique dans un contexte tendu : quelques mois seulement après les assassinats de Bobby Kennedy et Martin Luther King, les États-Unis sont marqués par des émeutes raciales qui feront une cinquantaine de morts. En pleine guerre froide, l'opinion publique américaine se fracture sur la guerre du Vietnam.


Le champion de boxe noir et musulman Mohamed Ali fait alors un discours engagé : « Vous êtes mon opposant quand je demande la liberté, quand je demande la justice, quand je demande l'égalité. Vous n'êtes même pas prêts à vous tenir à mes côtés ici en Amérique pour ma liberté religieuse et vous voulez que j'aille ailleurs me battre, mais vous n'êtes pas à mes côtés, ici, à la maison ! »


Des chaussettes noires, un foulard et un gant noir


Dans ce contexte politique explosif, les deux médaillés américains arborent sur le podium des chaussettes noires, symbole de la pauvreté des Africains-Américains, un foulard, symbole de l’oppression et de l'esclavage, et un gant noir, symbole des Black Panthers. « Les réactions ont été terribles parce que j'ai levé le poing en direction de ce qui est censé être notre plus belle création : le drapeau américain », analyse Tommie Smith.


Après ce geste, Tommie Smith et John Carlos deviendront des parias. Radiés à vie des JO, ils perdront leur travail et recevront des menaces de mort. « Je ne peux pas vous décrire à quel point c'était difficile. C'était vraiment dur. Beaucoup de personnes n'auraient pas supporté les pressions que j'ai subies », assure Tommie Smith. Ce n'est qu'à partir des années 1980 qu'ils seront réhabilités et célébrés.


50 ans plus tard, leur geste reste un exemple d'engagement


Arrivé 2ème du 200m, l'Australien Peter Norman arbore aussi un badge : « Projet olympique pour les droits de l’Homme ».
Un badge que Peter Norman payera de sa carrière, comme les deux médaillés américains. « Peter l'a fait de lui-même. Il n'avait pas besoin de Tommie Smith et John Carlos Et c'est ça la puissance de notre geste à Mexico en 1968. L'unité », se rappelle Tommie Smith.


Lors de ses obsèques en 2006, John Carlos et lui font le déplacement en Australie pour lui rendre hommage et porter son cercueil. 50 ans plus tard, leur geste reste un exemple d'engagement pour des générations de sportifs.


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