La face cachée des avocats au Chili

Rivières asséchées, enfants assoiffés... Le militant Rodrigo Mundaca nous dévoile la face cachée des cultures d'avocats au Chili.

Au Chili, le business de l’eau va à l’encontre des droits humains


Est-il acceptable que vous continuiez à consommer des avocats alors que certains enfants faute d’avoir accès à l’eau, doivent quitter leur village ? C’est la question que pose Rodrigo Mundaca. Ce militant se bat pour le droit à l’eau au Chili, où cette ressource naturelle est gérée comme une propriété privée. Il raconte son combat à Brut.


Aujourd’hui au Chili, l’eau est du domaine du privé. L’État chilien n’est donc pas en mesure de garantir le droit à l’eau : “Ici, voler de l'eau est une infraction, on peut recevoir une amende (…), l’eau, aujourd'hui au Chili, s'achète, se vend ou se loue.” Dans la région de Petorca, malgré la gravité de la sécheresse qui s’abat sur le Chili, laissant 600 000 personnes sans accès à l’eau et causant la mort de plus de 100 000 animaux, les cultures d'avocat sont prospères. “Si le producteur qui vend des avocats sur votre marché est un producteur qui a violé le droit à l'eau, qui vole l'eau sur notre territoire, ne lui achetez pas”, demande Rodrigo Mundaca.
Aujourd'hui, s’il n’y a pas d’eau dans les rivières de la province de Petorca, au sein de la région de Valparaíso, cela est causé par la monopolisation de l’eau par de grandes plantations d’avocatiers. Par conséquent, comme il n'y a plus d'eau dans les rivières, le cycle de l'eau est rompu. Ainsi, l’eau destinée à la population vient principalement de camions citernes. Dans le pire des cas, les personnes les plus modestes doivent aller faire leurs besoins dans des sacs plastique… Face à la privatisation de l'eau, la vie des populations est en danger.


“Pour nous, le sommet sur le changement climatique est un groupe de personnes arrogantes”


Aujourd’hui, Rodrigo Mundaca n’a pas confiance dans la COP25 : “Ceux qui y vont sont des chefs d'Etat, des ministres, qui feront des promesses qu'ils ne tiendront pas. Ils s'engagent tous à réduire les émissions de gaz à effet de serre mais les industries qui extraient des minéraux dans notre pays, ça, ils n’y touchent pas.” Selon lui, les multinationales européennes s'approprient l’environnement du Chili, le pillent et le dégradent. C’est notamment la multinationale Suez, une entreprise française qui s'empare de l'eau du Chili.
Désormais, selon Rodrigo Mundaca, il y a un impératif. Il s’agit de construire un nouveau modèle de développement qui soit économiquement viable, mais aussi socialement juste et écologiquement plus sain : “La vie des gens dépend de l'eau tout comme la vie des végétaux, le fonctionnement des écosystèmes et le développement des économies locales. L'eau est un droit humain et ne peut pas continuer à être privatisée et commercialisée dans un pays aussi lointain, aussi reculé que le Chili.


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