30 ans après, Omar Raddad continue de clamer son innocence

"Omar m'a tuer", c'est l'histoire d'un jardinier marocain jugé coupable d'un meurtre, qui continue de clamer son innocence 30 ans après les faits. Aujourd'hui il réclame la révision de son procès. Retour en vidéo sur l'affaire Omar Raddad.

Où en est l’affaire Raddad ?


En 1991, la vie d’Omar Raddad va basculer. Jugé coupable du meurtre de Ghislaine Marchal, une femme chez qui il travaillait en tant que jardinier, il clame encore son innocence. Trente ans plus tard, en 2021, l’affaire est loin d’être résolue et de nouveaux éléments obtenus grâce à des méthodes scientifiques modernes, permettent d’enrichir le dossier.


Qui a tué Ghislaine Marchal ?


Retour sur les faits. Le 23 juin 1991, Ghislaine Marchal, une riche veuve de 65 ans, est tuée de plusieurs coups de couteau dans sa villa luxueuse, à Mougins, dans les Alpes-Maritimes. Deux inscriptions en lettres de sang sont retrouvées sur deux portes : "Omar m'a tuer". Selon des expertises graphologiques,ces inscriptions ont été écrites par Ghislaine Marchal. Quelques jours plus tard, le 27 juin 1991, Omar Raddad, qui travaille comme jardinier chez la femme, est inculpé pour homicide volontaire. Emprisonné à Grasse, il nie les faits. Le 2 février 1994, Omar Raddad est condamné à 18 ans de réclusion criminelle, sans possibilité de faire appel.

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L’ADN masculin retrouvé n’est pas celui d’Omar Raddad


Le 10 mai 1996, Après une rencontre avec le roi du Maroc, Hassan II, Jacques Chirac accorde une grâce partielle à Omar Raddad. Cette grâce n'annule pas sa condamnation et ne l'innocente pas. Mais elle permet sa libération, deux ans plus tard.


Le 27 janvier 1999, une première requête en révision du procès d'Omar Raddad est déposée. L’année suivante, deux graphologues mettent en doute l'identité de l'auteur des inscriptions. Une autre analyse conclut que la trace de main ensanglantée sur l'inscription comporte du sang de Ghislaine Marchal, mais aussi du sang masculin. Le 20 février 2001, une analyse conclut que l'ADN masculin retrouvé n'est pas celui d'Omar Raddad. 


Le 20 novembre 2002, la Cour de cassation rejette la demande d'un nouveau procès. Le 1er décembre 2008, la nouvelle avocate d'Omar Raddad, Sylvie Noachovitch, réclame l'ouverture d'une information judiciaire pour comparer deux empreintes ADN masculines retrouvées sur les lieux du crime. L’une des empreintes correspond à un homme déjà fiché dans le FNAEG (Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques). Il avait été condamné pour des violences. Le 20 juin 2014 grâce à une réforme des procédures de révision, de nouvelles investigations ont lieu. En 2015, 4 nouvelles empreintes génétiques "exploitables" sont retrouvées. Selon le rapport d'un expert, une trentaine de traces ADN complet masculin ont été trouvées sur les inscriptions. 

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Nouvelle demande de révision du procès


Le 23 juin 2021, 30 ans jour pour jour après la découverte du corps de Ghislaine Marchal, la défense d'Omar Raddad dépose, par le biais de l’avocate Me Sylvie Noachovitch, une nouvelle requête en révision de son procès, sur la base de nouvelles analyses des traces ADN découvertes en 2015. Omar Raddad avait déjà déposé une première demande de révision en juin 2001, mais cette demande avait été rejetée en novembre 2002.


La nouvelle demande sera examinée à huis clos lors d’une audience non publique devant la commission d’instruction de la Cour de révision, qui se compose de 5 magistrats. Après avoir examiné la recevabilité de la requête, la révision du procès pourra ensuite être éventuellement envisagée. Cette décision serait rare: moins de 2% des dossiers parviennent à la Cour de révision, qui décide ensuite de la tenue d’un nouveau procès.

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Que devient Omar Raddad ?


L’ancien jardinier, condamné pour le meurtre de Ghislaine Marchal, a publié le livre “Pourquoi moi ?” en 2002 aux éditions du Seuil, avec l’aide de Sylvie Lotiron. Ce livre sera adapté au cinéma en 2011. Réalisé par Roschdy Zem, le film “Omar m’a tuer” a été nommé à la cérémonie des César: Sami Bouajila a reçu une nomination en tant que meilleur acteur. Père de famille, Omar Raddad vit à Toulon. Il travaille toujours sur le dossier de la révision de son procès.

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