Clémentine Sarlat a créé un podcast pour parler de la matrescence

La journaliste souhaite parler des changements dans la vie d’une mère après la naissance d’un enfant, sujet trop peu évoqué.

Clémentine Sarlat a créé le podcast « La Matrescence »


Cette journaliste sportive sur TF1 travaille sur ce concept inventé par l’anthropologue Dana Raphael, qui définit les nombreux changements émotionnels après l’accouchement.


Le post-partum est bien souvent une période d’angoisse et de fatigue intense pour la nouvelle mère. En 1973, une anthropologue américaine, Dana Raphael, a pensé le concept de « matrescence » pour désigner les grands bouleversements hormonaux et émotionnels que connaissent les femmes à ce moment-là. La journaliste Clémentine Sarlat l’a vécu. Pour sensibiliser à ce problème, elle a créé le podcast La Matrescence.


« J’ai ressenti énormément de solitude »


Je ne m'attendais pas du tout à ce que l'arrivée de ma fille chamboule ma vie à ce point. Elle est née. Ça a été un immense bonheur, et en même temps, j’ai ressenti énormément de solitude, parce que j’étais frappée par ce changement d’identité qui s’appelle la « matrescence ». Mais à l’époque, je ne le savais pas. J’avais une belle carrière. Je travaillais à la télé et d’un coup, ça ne m'intéressait plus du tout, tout ça.


La matrescence, c’est la contraction du mot « maternité » et du mot « adolescence ». Ce sont tous les changements et les bouleversements qui se passent au moment de devenir mère. Ça s’apparente à l’adolescence car c’est une période assez ingrate, pas toujours évidente à traverser. Sauf que la matrescence, c’est sur un temps beaucoup plus court : c’est à peu près au moment où on accouche et après le postpartum. C’est une période de transition.  


« On est beaucoup plus connectée aux émotions »


Ce qui est génial, c’est que ce concept a été inventé dans les années 1970 par une anthropologueaméricaine qui s’appelle Dana Raphael. Et aujourd’hui, avec les neurosciences, on peut confirmer ce qu’elle disait. Quand on est enceinte, le cerveau commence à changer. Mais c’est vraiment après l'accouchement que les zones du cerveau se modifient.


Certaines vont être activées,. On est beaucoup plus connectée aux émotions, parce qu’on a besoin de répondre aux besoins du bébé, on a besoin de comprendre ce qu’il se passe. Les bébés ne parlent pas, à nous de deviner ! Aujourd’hui, les études montrent que les pères, quand ils sont très impliqués dès le départ, ont eux aussi cette modification neurobiologique. Les parents adoptifs aussi ! Il  n’y a pas forcément besoin de donner naissance, c’est le fait de devenir parent qui modifie profondément le cerveau. Cette phase durerait deux ans. 


Pour un vrai congé paternité


Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite, mais quand j’ai accouché, ce qui a été très difficile, c’est que mon conjoint est reparti travailler au bout de 11 jours. Et il se déplace beaucoup, donc je me suis retrouvée toute seule avec mon bébé assez souvent. J’étais incapable de faire à manger. Heureusement, ma maman m’aidait beaucoup. Pour moi, c’est une des choses auxquelles il faut remédier. Il faut donner des congés paternité, au moins pour un mois, quoi ! Ou au deuxième parent, peu importe. 


Le père revient parfois et il ne comprend pas qu’on n’ait rien fait à la maison… Il y a un décalage monstrueux. Eux continuent leur carrière. C’est limite si on ne leur dit pas « whaou bravo, t’as été papa ». On te donne une prime et une promotion, tu es chef de famille, c’est génial. Mais nous, on est dévalorisées. Pourtant, on a fait le bébé à deux. J’ai fait un podcast sur la répartition des tâches. Nous, les femmes, on change des couches toute la journée. Mais j’ai pas un gène en plus pour pouvoir changer une couche ! Et après, on vient te dire « oui, mais le père, il est là pour couper le cordon ». Oui, mais pas que ! Le père, il est là pour être père, pour faire partie de la famille. 


C’est primordial : il faut un autre congé parental pour que les mères ne deviennent pas folles. Moi, j’ai cru que je devenais folle. Mais ce n’est pas vrai. Devenir parent, c’est dur. Devenir mère, c’est dur. Et on doit être épaulée. 


Aider la mère autant que possible


On a toutes vécu ça si on a été enceinte. On nous chouchoute pendant neuf mois, mais le jour où on devient mère, on n'existe plus. On prend soin du bébé. J’encourage bien sûr à prendre soin du bébé, mais il ne faut pas oublier que la mère elle existe ! Elle vient de prendre un tourbillon dans la tête, elle vient d’accoucher. C'est très dur d'accoucher, c'est très long. Elle vient de subir un changement hormonal, un changement neurobiologique, une grande fatigue.


Souvent, je pense que l’entourage est démuni et ne voit pas ce changement. Faites preuve de bienveillance et d’indulgence, occupez-vous des mamans. Si vous visitez la maternité, amenez à manger. Les petites peluches pour les enfants, ça ne sert à rien, on ne les utilisera jamais. Occupez-vous de la mère, offrez-lui un massage, un baby-sitting, peu importe, faites la lessive si vous allez chez elle, faites à manger, faites la vaisselle.


Ce n'est pas qu'on est une mauvaise mère, c'est que c'est très difficile d'avoir un nourrisson avec soi, et qu’on est monstrueusement fatiguée. Je pense qu'on ne le dit pas assez dans la société française : occupez-vous des mamans quand elles viennent d'accoucher, c'est très important !


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Brut.