Le Kazdal d'Abdel Alaoui

Pour Brut, Abdel Alaoui nous raconte l'histoire de son Kazdal, ce sandwich qui l'a accompagné tous les étés sur la route de Paris au Maroc.

Le sandwich Kazdal d’Abdel Alaoui


Pour Brut, le chef Abdel Alaoui raconte le repas qui a bercé son enfance.


Le Kazdal a occupé tous les trajets d’été de Paris au Maroc du chef Abdel Alaoui. Ce sandwich, c’est sa mère qui l’a créé. Voici son histoire.


« Un concentré des bons produits : la kefta, les oignons, le concombre, la fleur d’oranger »


Ce Kazdal, c’est le Paris-bled. Ma mère le préparait la veille du départ quand on partait de Paris pour aller au Maroc. Il faut savoir que dans ce Kazdal, il y a la bonne et la mauvaise partie. La bonne partie, c’est au milieu, là où il y a tout le concentré des bons produits : la kefta, les oignons, le concombre, la fleur d’oranger…


Sur le côté, forcément, tu as moins de crème, tu as moins de sauce, tu as moins de légumes. On se battait pour avoir le milieu, mais quand tu as cinq frères et sœurs, il faut être astucieux. Donc on tirait au sort. On regardait par la fenêtre de la voiture et celui qui trouvait le plus gros chiffre de la plaque d’immatriculation d’une voiture avait gagné.


« Quand je sens la menthe, c’est un retour en arrière »


Quand je sens la menthe, c’est un retour en arrière, à l’enfance. Il fallait que je mette de la menthe dans mon sandwich. Ça me rappelle le petit thé à la menthe quand tu t’arrêtes à 6h du matin dans une station-service. On s’arrêtait, j’entendais ma mère se réveiller tout doucement, elle allumait sa gazinière. Elle sortait sa petite botte de menthe fraîche qu’elle avait roulée dans du sopalin humide pour qu’elle reste trois jours sans pourrir. Elle mettait ça dans l’eau bouillante avec le thé vert.


Je mets un peu de sauce blanche. C’est pas celle qu’on a dans les kebabs ! Elle a une vraie histoire. Ma mère nous préparait toujours des sandwichs avec de la vache qui rit, un peu de fromage blanc, un peu de cumin, un peu d’huile d’olive. Après, elle venait ajouter du thon, des sardines en boîte, tout ce que tu pouvais avoir en boîte. Ce sandwich, il avait du goût grâce à la vache qui rit.


« Quand tu vas dans une famille marocaine, tu arrives avec un paquet de vache qui rit ! »


Quand j’ai créé le Kazdal, je me suis dit qu’il fallait que je retrouve ce goût d’enfance. La vache qui rit, c’est le produit le mieux vendu au Maroc. On était tellement pressés d’arriver au Maroc aussi pour ça. Il y avait les goûts cheddar, huile d’olive, bleu, tous les goûts possibles et imaginables ! On se faisait plaisir. Quand tu vas dans une famille marocaine, tu n’arrives pas avec un bouquet de fleurs, tu arrives avec un paquet de vache qui rit !


Quand je prenais le paquebot à Malaga ou à Almería, pour traverser, on arrivait dans une ville qui s’appelait Melilla ou Nador. Il y avait les MRE, les Marocains qui vivent en Europe. Ce sont des paquebots qui arrivaient avec 2.000, 3.000 MRE. Tous les Marocains à Melilla ou à Nador nous accueillaient avec l’odeur du méchoui, l’odeur du barbecue. J’ai le souvenir de la kefta posée sur la grillade avec le charbon et l’odeur…


Avant même de se garer en paquebot, cette odeur venait et nous attirait. On était tellement pressés d’avoir le pied sur le continent africain, au Maroc ! On savait qu’il nous restait à peine 1h30 de route et on arrivait à la maison. Donc la kefta, elle clôturait le voyage de trois jours entre Paris et le bled.


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