Le premier jour en France de Roukiata Ouedraogo, burkinabée

En 2000, elle arrivait à Paris après avoir quitté le Burkina Faso. Aujourd'hui, Roukiata Ouedraogo est autrice, comédienne et humoriste. Son premier jour en France, voilà comment elle l'a vécu.

Roukiata Ouedraogo raconte son premier jour en France


Les doutes, les aprioris, la fierté… Roukiata Ouedraogo raconte son premier jour en France. 20 années plus tard, elle en rit.


Le 11 janvier 2000, Roukiata Ouedraogo est arrivée à Paris. Au début, elle a vécu dans un immeuble du 11e arrondissement, rue de Crussol. « L’appartement était minuscule. Quand j'ai vu le salon où il y avait la cuisine, je croyais que c'était juste la cuisine. Et là, je peux vous dire que j'ai regretté ma maison au Burkina », raconte-t-elle.


Le questionnement des premiers jours


« Je demandais à ceux qui étaient déjà partis en Europe : "Comment il fait froid ? Comment il fait froid ?” Et les gens me répondaient : "Tu vois le congélateur là-bas ? Mets ta tête dedans pendant une demi-heure.” Et quand je suis arrivée, j'ai compris qu'il faisait vraiment très, très froid », se souvient Roukiata Ouedraogo. Son premier réflexe a été d’acheter un manteau.


Dès son arrivée, elle s’est rendue à Barbès. « Je me suis dit : "Welcome to Africa !" Je disais bonjour à tout le monde, les gens me répondaient, c’était vraiment génial. J'étais heureuse de retrouver cette chaleur-là qu'on a chez nous », se rappelle-t-elle.


Toute la journée, Roukiata Ouedraogo s’est interrogée sur sa venue en France : « Est-ce que je suis faite pour vivre ici ? Est-ce que je vais m'adapter ? Est-ce que je vais pouvoir m'en sortir ? » En tant que benjamine d’une fratrie de sept enfants, la solitude est pesante. Parfois, elle pense à retourner chez elle, mais elle renonce. D’après elle, c’est une chance que d’autres aimeraient avoir.


Son parcours professionnel


« Le jour où je suis arrivée, j'ai vu une annonce, on cherchait une caissière », relate Roukiata Ouedraogo. Motivée, elle se rend aussitôt dans le magasin pour se présenter. Au bout d’une semaine, elle reçoit un salaire. « J’étais tellement heureuse. Je suis rentrée chez moi, j'ai appelé ma famille et j'ai dit : "J'ai de l'argent, j'ai reçu mon salaire, on m'a virée, mais ce n'est pas grave, j'ai mon salaire." »


Après avoir été vendeuse, maquilleuse, femme de ménage et coiffeuse, Roukiata Ouedraogo est désormais comédienne et humoriste. Dans ses spectacles, elle raconte son parcours. Après avoir démissionné du salon de coiffure où elle travaillait, elle s’est inscrite au Cours Florent pour des cours de théâtre.


« Ceux qui ne m'ont pas encore vue dans un film savent que ça n'a rien donné, mais je suis devenue une comédienne. Et quand je vous vois ce soir ici avec moi dans ce magnifique théâtre, je suis convaincue que j'ai fait le bon choix », affirme l’humoriste.


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