Maire d'un village de l'Aveyron, Simon Worou raconte son parcours

Né au Togo, Simon Worou est aujourd'hui le maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur. Réélu avec 87% des voix, il raconte comment il a réussi à obtenir la confiance de l'essentiel des 600 habitants de cette commune de l'Aveyron...

Simon Worou, né au Togo et maire d’un petit village de l’Aveyron


Il s’est installé à Sainte-Juliette-sur-Viaur après avoir servi dans l'armée française. D’abord videur, il s’est lancé dans la politique. Mais il a souvent dû faire face au racisme.


Dans le village aveyronnais de Sainte-Juliette-sur-Viaur, Simon Worou a été réélu à 87 % aux élections municipales de 2020. C'est plus qu'en 2014, où il avait été élu à 62 %. « J’ai eu des amis, des voisins, quand je n’étais que conseiller, ça allait, mais maire, ils ne l’ont pas supporté. Encore aujourd’hui. Ils ne pouvaient pas supporter que ce soit un Noir qui soit maire », se souvient Simon Worou.


« Les gens ont peur »


Le quadragénaire est né à Lomé, au Togo. Il s’installe dans ce village de 600 habitants après avoir servi dans l'armée française. « On sentait quand même que l’Aveyron était à l’époque un peu habituée à d’autres populations, autres que celles d’ici. Mais ça restait comme à l’armée, certains, dans le regard, approuvaient, d’autres détestaient. Surtout quand on était deux ou trois quelque part. Il y avait un effet de peur. Les gens ont peur », déplore le maire.


Simon Worou multiplie alors les petits boulots. Il est même celui de videur de boîte de nuit de 1992 à 2012. Il se rappelle avec précision des remarques racistes qu’il subit à l’époque. « Vous arrivez, la première phrase qui sort, c’est “ah tiens, on te voit pas arriver parce qu’il n’y a pas de lumière”. Ou quand il y a une photo à prendre, “souris parce qu’on te verra pas”. “Ah tiens, tu t’es habillé en noir”, comme si en étant noir on ne peut pas s’habiller en noir. Ceux qui ont cette envie d’intégration ne disent rien… C’est une souffrance. »


Le rugby, facteur d’intégration


Puis, en 2000, il rejoint le club de rugby du village voisin, Cassagnes-Bégonhès. Une étape de plus dans l’intégration à la vie communautaire. « Les gens venaient me voir à la fin du match pour me féliciter. Ça amène le public vers soi, une sympathie, une valeur qu’il reconnaît. Les gens viennent te voir, les gens te connaissent, les gens te tolèrent. Les gens acceptent, les gens évoluent parce que tu es dans un jeu collectif et que tu joues pour un territoire. »


Aujourd’hui, Simon Worou est en certain : s’il n’avait pas fait de rugby, il n’aurait pas été accepté comme il l’est aujourd’hui. À Sainte-Juliette-sur-Viaur, il a même rencontré celle qui est devenue sa femme et la mère de ses deux enfants. Mais les choses n’ont pas toujours été faciles avec sa belle-famille…


« J’ai reçu un jour du courrier d’une de mes tantes, qui a résumé un peu en me disant ‘’On n’aurait pas pensé un jour que tu fasses de notre fille ce qu’elle est devenue. Videur que tu étais, on avait peur. Aujourd’hui, cadre fonctionnaire que tu es, tu es maire, tu es la fierté de la famille’’ », n’oublie pas de raconter le maire.


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