La dernière usine française à produire du papier journal 100 % recyclé a fermé

Pendant ce temps-là, la dernière usine à produire du papier journal 100 % recyclé en France a fermé. Construite en 1927, ses derniers salariés se battent pour lui trouver un avenir…

En France, la fermeture de la dernière usine de papier 100 % recyclé


La dernière usine française de production de papier journal 100 % recyclé vient de fermer. Les représentants du personnel restant espèrent trouver un repreneur.


C’est la fin. En France, il n’existe désormais plus aucune usine de papier journal 100 % recyclé. La dernière vient de fermer ses portes. Elle se nomme la Chapelle-Darblay et se trouve à Grand-Couronne, près de Rouen.


350.000 tonnes de papier recyclé


Chaque jour, l’usine recevait l’équivalent du tri annuel d’une collectivité de 25.000 habitants, selon Arnaud Dauxerre, représentant des cadres la Chapelle-Darblay. En 2019, 350.000 tonnes de papier ont pu être recyclées en papier journal. Cela représente la consommation annuelle de 24 millions de Français.


« Chapelle-Darblay, c’est le symbole du recyclage en France, c’est le symbole de ce partenariat qui a été créé entre un industriel papetier et des collectivités locales au bénéfice de la gestion de nos déchets », affirme Arnaud Dauxerre.


Le 15 juin, le propriétaire finlandais de l’usine, le groupe UPM, a décidé de fermer la Chapelle-Darblay et de licencier 228 salariés. Il ne reste maintenant plus que les représentants de personnel, comme Arnaud Dauxerre. Ils sont une quinzaine à se battre pour trouver un repreneur : ils aimeraient préserver le savoir-faire de cette usine, construite en 1927. Mais ne leur reste que trois jours avant d’être licenciés à leur tour.


Le bois, moins cher pour faire du papier


« Malheureusement, la compétitivité est arrivée », réalise Arnaud Dauxerre. Il est aujourd'hui moins cher de fabriquer du papier journal à partir de bois qu'à partir de papier recyclé. « Vous faites votre geste, vous mettez votre papier dans la poubelle jaune en vous disant : “Ça va avancer, je vais sauver la planète." Et puis finalement, ça reste plus simple de couper du bois pour faire du papier journal. »   


Arnaud Dauxerre veut prouver que le site a encore toutes ses chances d’exister. Selon le représentant des cadres, les employés de Chapelle-Darblay peuvent faire bien plus que du papier journal. « Avec des fibres, on fait ce qu’on appelle le PPO, le papier pour ondulé, on fait de la pâte marchande, on fait de la ouate d’isolation… Il y a tellement de projets qui existent. »


Grâce au combat mené par les représentants, la maintenance et le gardiennage de l’usine seront assurés jusqu’à juin 2021. Toutefois, si aucun repreneur ne se manifeste d’ici là, le groupe UPM pourra démanteler le site. « Comment expliquer aux Français qu’on ferme une unité de recyclage papetière, l’une des rares unités en France qui recycle leurs papiers, quand de l’autre côté, on demande encore plus d’efforts, plus de tri, plus de transition vers une écologie durable, un monde durable ? C’est proprement incompréhensible. »


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