Le combat de l'association Banlieues Santé contre les inégalités d'accès aux soins

"L'espérance de vie, entre un ouvrier et un cadre supérieur en France, c'est à peu près 10 ans d'écart." Face aux inégalités d'accès aux soins, Abdelaali et son association Banlieues Santé interviennent dans les quartiers populaires et les déserts médicaux. Brut les a suivis.

Le combat de Banlieues Santé contre les inégalités d'accès aux soins


Cette association lutte contre les inégalités d’accès aux soins dans les quartiers populaires et les zones rurales.


Aujourd’hui, l’écart d’espérance de vie entre un ouvrier et un cadre supérieur en France est d’à peu près 10 ans. « Notre enjeu est de raccorder les plus fragilisés au parcours de soins, mais surtout au parcours de droit », explique Abdelaali El Badaoui, infirmier et fondateur de Banlieues Santé.


« En devenant infirmier, j’ai constaté tout autant d’inégalités en santé, d’inégalités sociales »


Plus jeune, Abdelaali El Badaoui a eu un accident qui l’a laissé brûlé à 70 %. « Mes parents ne parlent pas le Français. Ils sont d’origine marocaine, analphabètes et illettrés. Il y avait dans leur regard, déjà, cette inquiétude de ce qui allait se passer pour leur enfant », se souvient l’infirmier.


« J’ai fait germer cette graine en moi, qui était de me dire : “Plus jamais.” Puis, en grandissant et en devenant professionnel de santé, infirmier, j’ai constaté tout autant d’inégalités en santé, d’inégalités sociales. Je me suis dit qu’il fallait créer une organisation qui permette de résoudre des problématiques de santé publique. »


« Une rupture du parcours de soins à cause de ce millefeuilles d’inégalités sociales »


Abdelaali El Badaoui a alors créé Banlieues Santé, une association qui lutte contre les inégalités d’accès aux soins dans les quartiers populaires et les zones rurales. « Souvent, les gens ont des droits, les gens peuvent avoir des droits, mais ne savent pas aller les chercher. Il y a donc un décrochage, on a une rupture du parcours de soins à cause de ce millefeuilles d’inégalités sociales et d’inégalités en santé », constate-t-il.


Brut l’a suivi lors d’une action de prévention à Bondy, en Seine-Saint-Denis. Dans cette ville, la barrière de la langue et le manque de moyens et d’informations sont les principaux obstacles à la santé. « Les gens sont soucieux de savoir ce qui est bon, ce qu’il faudrait manger plus, ce qu’il faudrait manger moins. C’est assez difficile, parce qu’il y a beaucoup de cultures qui se rencontrent, avec des habitudes alimentaires totalement différentes. Il y a du diabète, de la tension, essentiellement. Et beaucoup de problèmes sociaux. Les gens qui n’ont pas de couverture sociale, ça revient beaucoup aussi », déplore Dramane, infirmier.


« Le mot “banlieues”, ce sont les lieux bannis, la mise au ban »


Banlieues Santé intervient partout en France pour faire de la prévention, distribuer des colis alimentaires et accompagner les populations les plus fragiles. « Je trouve qu’en France, on est beaucoup dans la réaction. On attend toujours qu’il y ait une catastrophe pour faire les choses. Mais le meilleur moyen d’éviter les catastrophes, c’est la prévention », analyse Abdelaali El Badaoui.


« Le mot “banlieues”, ce sont les lieux bannis, la mise au ban. Le manque d’information, le manque de structures fait en sorte que ces habitants s’éloignent des parcours, regrette l’infirmier. On ne considère pas la santé comme un simple état de maladie, mais d’abord comme un état de bien-être physique, mental, social. Parce que quelqu’un qui va bien socialement, physiquement, psychiquement, c’est quelqu’un qui va se former, travailler. Le cœur de notre société doit passer par la santé pour amener à d’autres enjeux qui sont l’employabilité, la formation, l’éducation, le sport. »


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