Comment faire lire les jeunes ?

Clémentine Beauvais a co-écrit le roman "Si on chantait". Les bénéfices seront intégralement reversés au Secours populaire pour que les enfants défavorisés aient davantage accès à la culture.

L’autrice Clémentine Beauvais veut redonner le goût de la lecture aux adolescents


Elle publie aux éditions Pocket Jeunesse le livre « Si on chantait », un cadre exquis pour enfants écrit avec 12 autres auteurs.


« "Les jeunes ne vont pas assez vers la lecture", j'entends ça systématiquement de la part d'adultes qui n’ouvrent jamais un bouquin, à part quand ils sont en vacances, l’été. À chaque fois, j'ai envie de demander mais c'est quoi le dernier roman que tu as lu ? Est-ce que tu as parlé littérature à tes enfants ? Est-ce que tu leur as fait comprendre pourquoi c'était important pour toi ? Je refuse qu'on critique les jeunes si on ne se regarde pas soi-même. »


Pour redonner aux jeunes l’envie de lire des livres, l’autrice Clémentine Beauvais a une petite idée… Clémentine Beauvais a co-écrit le roman pour enfants Si on chantait>Si on chantait(target="_blank") avec 12 autres auteurs. Les bénéfices de ce livre seront intégralement versés au Secours populaire pour que les enfants défavorisés aient davantage accès à la culture. Brut l’a rencontrée.


« On part du principe qu’on n’a plus à lire des choses aux ados »


Je sais pas si vous avez déjà essayé de lire à voix haute quelque chose à un enfant de plus de 10 ans. Ce qui est fascinant, c'est que les enfants, les petits enfants, quand on leur lit des histoires, ils adorent ça. Mais pour les ados, on part du principe que puisqu'ils savent lire, on n’a plus à leur lire des choses.


Un jour, j’étais dans une classe de seconde. Les élèves n’étaient pas super motivés, ils étaient un peu mous. Je ne savais plus trop quoi faire. Ils n’avaient plus trop de questions, et il restait du temps. Alors j’ai dit « Bon, je vais vous lire un truc. » J'ai l'habitude de lire à voix haute. Mais là, j'ai été surprise par la qualité du silence qui se faisait dans la classe et par la qualité d'écoute. Plus je lisais, et plus je me disais « Mais c'est incroyable, ils m'écoutent vachement. » Et quand j'ai arrêté parce que c'était bientôt la fin du cours, il y a eu une espèce de soupir. Ils m’ont demandé : « Mais, c'est déjà fini ? »


« Un imaginaire pur créé par des mots »


Le fait qu'ils n’aient plus l'habitude qu'on leur lise des choses fait que quand on leur en lit, ça les réveille… Ça, c’est important avec la lecture à voix haute. J’ai des amis profs qui le font en classe, et ça motive leurs élèves. Ensuite, ils vont peut-être prendre le livre par eux-mêmes, le terminer. Mais même s’ils ne le prennent pas ou qu'ils ne le terminent pas, ils auront eu cette espèce de bulle, cet imaginaire pur créé par des mots. 


Il y a aussi les audio-livres, qui sont très disponibles dans les médiathèques. Je ne vous dis pas le nombre de fois où je vais en lycée, et il y a des ados qui me disent : « Oh madame, madame, j'ai lu votre livre… Enfin non, je ne l'ai pas lu, je l'ai écouté. » Et on a l'impression qu’ils culpabilisent, parce qu'ils ne l'ont pas lu avec les yeux. Alors je leur dis que ce n’est pas grave ! C’est la même chose.


L'audio lecture, c'est de la lecture. Tu as eu tous les mots, tu as visualisé comme tu l’aurais visualisé avec des mots. Tu as eu une expérience de lecture. Et ça, c'est super important. Déculpabilisons les jeunes et les adultes qui écoutent des audio-livres ! Une fois qu'on aura dit que la lecture, c'est pas la peine que ce soit douloureux, que c'est juste raconter une histoire avec des mots, des images, des métaphores, on aura fait un grand pas.


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Brut.