Le geste de "Hunger Games", symbole de la contestation en Thaïlande

Des milliers de manifestants le bras levé, trois doigts collés. En Thaïlande, ce geste emprunté au film "Hunger Games" est devenu le symbole des manifestations contre le pouvoir en place…

Thaïlande : le signe de « Hunger Games » repris lors de manifestations anti-gouvernement


En Thaïlande, des jeunes protestent contre le gouvernement depuis août. Ils reprennent le célèbre signe de la saga « Hunger Games », symbole de rébellion.


Depuis le mois d’août, des étudiants luttent contre le pouvoir en place en Thaïlande. Plusieurs dizaines de milliers de jeunes pro-démocrates manifestent dans les rues des plus grandes villes du pays. Symbole de rébellion, ils lèvent leur main avec trois doigts collés. Ce signe est emprunté à la saga Hunger Games : dans le film, la société se rebelle également contre le système en place.


« Nous ne voulons plus nous taire »


Ce n’est pas la première fois que ce symbole est repris par les Thaïlandais. En 2014, certains l’avaient déjà repris après un coup d’État. « C’est un symbole d’opposition au gouvernement pour dire que nous ne voulons plus nous taire, que nous ne resterons pas immobiles et ne nous laisserons pas menacer par eux », explique une partisane au mouvement.


Les militaires avaient alors prévu d’arrêter toutes les personnes surprises à utiliser ce signe. Cette année, la répression se poursuit, mais les manifestants sont beaucoup plus nombreux. Ils exigent un véritable changement dans la société thaïlandaise, qui passerait notamment par la démission du Premier ministre et une réforme de la monarchie, voire la destitution du roi en place.


L’éducation scolaire


Parmi les préoccupations des manifestants, il y a l’éducation scolaire des jeunes Thaïlandais. Les élèves doivent par exemple avoir tous la même coupe de cheveux, courte pour les garçons. C’est à travers Internet que les jeunes remarquent un fossé entre les écoles thaïlandaises et celles des autres pays. Ils voient les nombreuses différences, notamment l’absence d’uniformes dans beaucoup d’établissements scolaires.


Un jeune travailleur thaïlandais témoigne anonymement. Il craint d’être retrouvé et condamné à cause de ses propos. Là-bas, critiquer le roi est passible d’emprisonnement. « Dans les cours d’histoire, on apprend juste que lors de la période Ayutthaya, il y a eu un grand roi. La période SukhothaÏ, il y a eu un grand roi. C’est principalement ce que nous apprenons. Dans les livres d’histoire, ça a toujours été comme ça, nous apprenons juste sur le roi, le roi, le roi. »


« Je peux être arrêté »


« Nous avons beaucoup de problèmes dont nous ne pourrions pas parler », poursuit le témoin anonyme. Il prend un grand risque en accordant cette interview à Brut. « Vous savez, si je parle de cet entretien à mes amis, je pense que la plupart des gens me souhaiteront d’abord bonne chance », confie-t-il.


En Thaïlande, une loi nommée « l’article 112 » stipule que diffamer ou insulter le roi et/ou la monarchie est passible d’une peine de prison allant de 3 à 15 ans. « S’ils découvrent qui je suis, je peux être arrêté… Ils peuvent dire que je donne des informations à des étrangers, que je donne une mauvais image du pays. C’est quelque chose qui peut être considéré comme une menace pour la sécurité nationale », indique-t-il. Le manifestant affirme que c’est l’une des raisons pour lesquelles les jeunes de sa génération n’osent pas s’exprimer librement. Ils ont peur.


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Brut.