Une vie : les poils

Sur les jambes, les aisselles ou le pubis, les poils des femmes peuvent déranger. Et celles qui décident de les garder sont souvent stigmatisées. Comment en est-on arrivé là ?

Les poils chez les femmes, une chasse historique


Sur les jambes, les aisselles ou le pubis, les poils des femmes sont considérés comme laids, voire sales, et celles qui décident de les garder sont souvent stigmatisées. Comment en est-on arrivé là ?


Épilation, rasage, laser… Les femmes et leurs poils, c’est une longue histoire. Des statues de la Grèce Antique, à la Venus de Botticelli, dans l’art, les corps des femmes sont représentés glabres jusqu’à la seconde moitié du XIXème siècle.


En 1915, la marque Gillette crée le premier rasoir « pour femmes »


Au XVIème siècle, au Royaume-Uni, la reine Elizabeth I popularise une nouvelle mode en se rasant les sourcils et la base des cheveux pour donner l’illusion d’un front plus grand. Elle utilise pour cela des bandages trempés dans un mélange d’ammoniaque et de vinaigre.


En 1915, la marque Gillette crée le premier rasoir « pour femmes » : le Milady Décolletée. La même année, le magazine américain Harper’s Bazaar décrit l’épilation des aisselles comme « nécessaire ». Durant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis subissent une pénurie de nylon et de bas. Les femmes sont donc obligées de sortir jambes nues et commencent massivement à les raser. En 1964, les Américaines sont 98 % à se raser les jambes.


En 1946, avec l’apparition du bikini, débute la tendance de l’épilation du maillot


En 1946, avec l’apparition du bikini, débute la tendance de l’épilation du maillot. Dans les années 1960 et 1970, les activistes de la seconde vague du féminisme revendiquent leurs poils et y voient un symbole de leur combat pour l’égalité femmes-hommes. Parmi elles, l’artiste Patti Smith qui pose avec ses aisselles au naturel sur la pochette de son album Easter, sorti en 1978.


En 1987, sept sœurs brésiliennes ouvrent à New York un salon d’esthétique où elles pratiquent l’épilation dite brésilienne du maillot. Cette épilation totale du pubis et des lèvres s’installe dans les mœurs et devient une mode, notamment grâce à la promotion qu’en font certaines stars et à un épisode de la série Sex and The City.


Si l’épilation du maillot se généralise dans les pays de l’Ouest, à l’inverse, en Corée du Sud toutefois, une abondante toison pubienne est signe de bonne santé et de fertilité, et certaines femmes n’hésitent pas à avoir recours à la transplantation de poils.


Dans les années 2010, certaines stars contre-attaquent


En 1999, sur le tapis rouge de l’avant-première de Coup de foudre à Notting Hill, Julia Roberts salue la foule et dévoile ses aisselles non épilées. En 2014, des centaines de femmes chinoises participent au concours « Des filles qui ne s’épilent pas les aisselles » lancé sur Weibo, puis sur Tumblr. Les pages du concours, dont le but est de remettre en cause les normes sociales sexistes, rassemblent plus de 28 millions de vues.


Dans les années 2010, les stars qui révèlent leurs poils sur Instagram ou sur les tapis rouges – comme Madonna, Paris Jackson, Beth Ditto ou Lady Gaga – se multiplient. Et pourtant… En 2017, la mannequin et artiste suédoise Arvida Byström reçoit des menaces de viol et est victime de harcèlement sur les réseaux sociaux après avoir posé jambes non épilées dans une publicité pour Adidas. Aujourd’hui encore, les poils des femmes déchaînent les passions et sont toujours au cœur de nombreuses conversations, préoccupations et articles.


Maud Le Rest


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