Infirmière en réanimation, Amélie est épuisée : elle témoigne

"On a choisi de faire ce métier, mais on n’a pas choisi de le faire dans ces conditions." Amélie a 22 ans. Infirmière en réanimation depuis un an et demi, elle est épuisée. Elle témoigne.

Témoignage d’une infirmière en pleine tempête Covid


Depuis le début de la crise sanitaire, les soignants croulent sous les patients. Amélie, infirmière en réanimation, raconte à Brut son expérience


Les soignants étaient déjà surchargés de travail avant la crise du Covid-19. Aujourd’hui, ils sont au bord du gouffre. C’est le cas d’Amélie. Cette infirmière de 22 ans est complètement exténuée par son travail. Au vu de la deuxième vague de malades qui arrive, les hôpitaux sont loin de retrouver le calme.


Les services de réanimations plus que surchargés


Cet été, après le confinement, les choses ont commencé à se calmer dans les hôpitaux. Mais dès la fin du mois d'août, les fréquentations ont augmenté de nouveau, jusqu’au pic que l’on vit à ce jour. « Dans une nuit trois patients qui arrivent, et ça, c’est monté, c’est monté, c’est monté », relate Amélie. Selon elle, les soignants ont à peine eu le temps de récupérer de la première vague, qu’ils doivent déjà subir la deuxième.


Dans les chiffres de patients en réanimation, on oublie souvent les « patients de base », dit-elle. Elle poursuit : « Quand on entend "il n’y a que tant de pourcents qui occupent les réanimations", on oublie qu’il y a aussi des patients qui n’ont pas le Covid et qui ont aussi besoin de réanimation, parce qu’avant le Covid, les réanimations, elles étaient déjà pleines. » 


Les soignants ont aussi peur


Quant au personnel soignant, il a tout aussi peur. La blouse blanche n’est pas une immunité. « Même si on a, comme tout le monde nous le rabâche, on a signé pour, on a quand même peur. C’est quelque chose qui est contagieux et même si on est protégé, parfois pas correctement. »


« Avant de rentrer dans une chambre, il faut qu’on s’habille, il faut qu’on mette notre tenue, sauf qu’en réanimation, mais comme dans n’importe quel service, les situations d’urgence ça va très vite à arriver. Et des fois, il suffit de pas grand-chose, alors le temps de s’habiller des fois ça peut être trop tard », explique Amélie.


La deuxième vague


Ce qui différencie la deuxième vague de la première est qu’elle sera « plus dure psychologiquement », explique Amélie. Les soignants ont des traumatismes dus à la première vague qu’ils ne souhaitent pas revivre. « Ce n’est pas tant l’organisation du personnel à l’hôpital, parce que je dirais qu’on était quand même bien organisés, mais c’est plus l’humain là qui a du mal à suivre, quoi », confie l’infirmière.


« Il nous manque des moyens humains : des infirmières, des médecins, des aides-soignantes. Il nous manque du monde, en fait. » Plusieurs professionnels de la santé sont en burn-out, certains se mettent en arrêt. Par conséquent, il y a moins de personnel et ceux qui restent sont fatigués. « C’est un cercle infernal », déplore Amélie.


« Ce qui fait tenir, c’est de se dire qu’on s’occupe des gens, on les sauve. Alors des fois, on ne les sauve pas, mais on est quand même contents de les accompagner dignement jusqu’à la fin. »


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