"Excusez-moi, mais je crois qu'on vous a éjaculé dessus…"

Éjaculer sur des femmes non consentantes, souiller leurs affaires ou leur faire ingérer du sperme sans qu'elles le sachent… Elles sont de plus en plus nombreuses à dénoncer ce phénomène. Mais en France, cette pratique fait face à un vide juridique…

“Je l'ai ressenti comme une agression sexuelle”


“C'était le matin, à l'heure de pointe dans le métro et le métro était blindé, et en fait, j'étais tranquille sur ma liseuse, tranquille, quoi. Et je sens dans mon dos comme quelqu'un qui donne des coups de coude”, raconte Ashley. Au début, la jeune femme ne porte pas trop d’attention à ces coups. “Deux minutes après, il y a une dame qui me tape sur l'épaule et qui me dit : ‘excusez moi, mais je crois qu'on vous éjaculé dessus’”, ajoute-elle. Elle enlève son manteau et atteste bien l’acte : elle retrouve du sperme sur son vêtement. “Je descends de la rame du coup au prochain arrêt et je jette le manteau directement. Je ne cherche pas à comprendre, je jette le manteau et je pars travailler comme ça. Je me suis sentie dégoûtée. Je me suis sentie sale. Je me suis sentie humiliée aussi. Moi, je l'ai ressenti comme une agression sexuelle”, explique la jeune femme.
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Éjaculer sur des femmes non consentantes, souiller leurs affaires, ou même leur faire ingérer du sperme sans qu’elles le sachent… Sur les réseaux sociaux, elles sont de plus en plus nombreuses à dénoncer ce phénomène. "Un jour un type m'a éjaculé sur la jambe dans le métro (ligne 4 je crois) j'avais 16 ans", écrit une femme. Cette pratique n’est pas nouvelle. Dans certains pays comme la Corée du Sud, les associations féministes appellent ça le “semen terrorism”ou “terrorisme du sperme” et se battent pour le faire qualifier de crime sexuel. En France, l’encadrement juridique n’est pas clair pour protéger les victimes de ces violences.
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“Plus on a de témoignages, plus on a de chances de retrouver l'individu”


“On n'a pas de condamnation à ce jour pour des faits de jets de sperme précisément. En revanche, le cas le plus fréquent, c'est des frotteurs qui, dans ce cas précis, vont terminer par un jet de sperme en éjaculant sur leur victime”, détaille Chloé Rezlan, avocate. “Ça, c'est un fait d'agression sexuelle, c'est-à-dire qu'il y a une atteinte sexuelle qui est commise par surprise sur une victime non consentante. (…) Quand on ne peut pas rattacher à l'agression sexuelle, cette qualification qui nécessite un contact entre la victime et son agresseur, le juge va quand même être en capacité d'aller chercher d'autres qualifications dans le code. On a une nouvelle qualification qui est aussi l'outrage sexuel ou sexiste, qui est le fait d'imposer un propos ou un comportement à une victime non consentante. Le problème, c'est qu’il n'est pas très dissuasif dans la mesure où la sanction, c'est 750 euros d'amende.”
Je n'ai pas porté plainte pour agression sexuelle parce que…


Alors que peuvent faire les victimes si cette situation se présente? “C'est d'abord ne rien jeter, ne pas jeter son manteau, ne pas se débarrasser de ses affaires même si on est extrêmement dégoûtés et ne pas laver. Il faudrait aussi demander autour de vous s'il y a des témoins. Qui a vu ? Qui est témoin? ‘Est-ce que vous pouvez me faire une attestation ou venir avec moi ?’ Se rendre directement au commissariat ou à la gendarmerie la plus proche, porter plainte. Plus on a de témoignages et plus on a de plaintes, plus on a de chances de retrouver l'individu et de le faire sanctionner”, conclut l’avocate.
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