Le Vanuatu, pionnier dans la lutte contre le plastique

“Si un petit pays comme le Vanuatu est capable de trouver des alternatives au plastique, on se dit que de grands pays peuvent aussi mener ce genre de combat.”

Le Vanuatu, pionnier dans la lutte contre le plastique


En 2010, le Vanuatu a généré 27.000 tonnes de déchets plastique, soit 26 fois moins que l’Australie, 428 fois moins que la Chine et 510 fois moins que les États-Unis. Reportage.


C’est l’un des pays qui sont allés le plus vite et le plus loin dans la lutte contre le plastique. En 2010, le Vanuatu a généré 27.000 tonnes de déchets plastique, soit 26 fois moins que l’Australie, 428 fois moins que la Chine et 510 fois moins que les États-Unis.


En 2018, le gouvernement interdit la fabrication, l’importation et l’utilisation des pailles, des boîtes en polystyrènes et des sacs plastique


Pour cet archipel de l’océan Pacifique, tout s’accélère en 2017 avec la création d’une page Facebook qui dénonçait l’utilisation massive des sacs plastique. « Quand on a vu que la page était suivie par quelques milliers de personnes, en fait on s'est dit que c'était le moment de lancer une pétition adressée au Premier ministre, aux membres du gouvernement et à l'opposition, pour demander l'interdiction des sacs plastique », se souvient Georges Cumbo, conseiller consulaire au Vanuatu.


Dès l’année suivante, le gouvernement interdit la fabrication, l’importation et l’utilisation des pailles, des boîtes en polystyrènes et des sacs plastique. Sur le marché de Port-Vila, le plus grand marché de la capitale du Vanuatu, les premières réactions ont été plutôt négatives. « Toutes les mamans étaient contre. Pour elles, c’était facile d’aller au magasin pour avoir des plastiques gratuits et revenir. Elles disaient : “Pour nous, c’est déjà une habitude, pourquoi le bannir ?” Après, elles ont elles-mêmes fait la réflexion en disant : “On voit plein de plastique partout” », se souvient Myriam Malao, présidente de l'association des femmes du marché de Port-Vila.


Le 1er décembre 2019, une seconde vague d’interdictions entre en vigueur : les filets jetables


Le 1er décembre 2019, une seconde vague d’interdictions est entrée en vigueur. Les filets jetables, parfois utilisés à la place des sacs, ont été interdits. Cette interdiction s’est étendue à de nombreux autres objets à usage unique : touillettes, couverts, assiettes, gobelets… « Forcément, c’est un coût supplémentaire et une réorganisation, une remise en question sur les achats. Mais après, du point de vue personnel et avec du recul, c’est une bonne chose. Parce que depuis deux ans, on trouve que la ville est plus propre. Parce qu’il y a aussi un travail de la municipalité et il y a moins de plastique qui vole de partout », témoigne Cédric Pheu, commerçant sur le marché de Port-Vila.


Dans la lutte contre le plastique, ce pays de moins de 300.000 habitants, indépendant depuis 1980, a pu aller plus vite que les grandes puissances mondiales. Le Vanuatu n’a en effet pas le même niveau de consommation de plastique que la plupart des autres pays. Par ailleurs, aucun plastique n’y est fabriqué. Stopper les importations suffit donc à réduire la consommation. Le pays a également été le premier à vouloir interdire les couches jetables, l’un des objets les plus retrouvés sur ses plages.


En ville, seuls 30 à 70 % des déchets seraient captés par le système de gestion


Sur l’île de Lelepa, où il n’y a pas de système de gestion des déchets, 19 % des habitants déclarent jeter leurs couches dans l’océan. « C’est un problème de pollution plastique, mais aussi un problème sanitaire. Parce que les couches qu’on retrouve sur les plages sont des couches qui ont déjà été utilisées. On peut aussi les retrouver dans les rivières et dans les villages éloignés de la capitale. Il n’y a pas d’accès à l’eau courante, donc l’eau qui est bue est souvent celle des rivières », déplore Georges Cumbo.


Face à de nombreuses critiques toutefois, le gouvernement a reporté l’interdiction des couches jetables d’un an, le temps que d’autres solutions soient mises en place. En ville, seuls 30 à 70 % des déchets seraient captés par le système de gestion. En zone rurale, la grande majorité d'entre eux finissent enfouis, brûlés ou abandonnés dans la nature. Certaines communautés subissent aujourd’hui les conséquences de cette pollution. Le tri n’existant pas à l’échelle du pays, de nombreuses bouteilles finissent dans la nature et affectent certaines communautés.


Maud Le Rest


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