3 clichés sur les Segpa

"En réalité, les élèves de Segpa se retrouvent ici pour tout un tas de raisons." 3 clichés sur les Segpa.

Trois clichés sur la Segpa


Les classes de Segpa sont presque toujours stigmatisées. Le professeur Rachid Zerrouki souhaite briser les clichés qui entourent ces classes spécialisées.


« Sur Twitter, on a longtemps connu “Mamadou Segpa” qui s’amusait à faire des blagues sur cette section, à faire passer ces élèves-là pour des nuls, des abrutis. On connaît aussi une série sur YouTube qui s’appelle “Les Segpa”, qui fait des millions de vues et met en scène des élèves très, très bêtes, face à un professeur très, très autoritaire qui n’hésite pas à les prendre par le col et… Ces représentations sont vraiment très éloignées de la réalité. » Rachid Zerrouki, professeur, veut prouver que tous les clichés sur les classes de Segpa sont faux.


« Les élèves de Segpa sont bêtes »


Segpa signifie « Section d’enseignement général et professionnel adapté ». Cette classe est réservée aux élèves qui rencontrent de grandes difficultés à partir du CM2 et qui ont besoin d’un enseignement adapté.


« En réalité, les élèves de Segpa se retrouvent ici pour tout un tas de raisons. Ça peut être des problèmes sociaux, des problèmes familiaux, des problèmes liés à la santé. Parfois, c’est parce qu’un enfant a des rendez-vous à l’hôpital assez fréquents, trois, quatre fois par semaine. Forcément, ça a des conséquences sur sa scolarité », explique Rachid Zerrouki.


« Les élèves de Segpa sont dangereux »


« La première fois que j’ai dit à des copains que j’allais me retrouver en Segpa, ils m’avaient conseillé, pour rire, de mettre un gilet pare-balles. Parce que, soit-disant, ce seraient des gamins extrêmement dangereux et violents », se souvient le professeur. 


Il avait lui-même ses propres représentations en tête. « Je pensais que j’allais me retrouver face à de grands garçons qui allaient rentrer, s’affaler sur la table et me regarder sans bouger le petit doigt et… Il y en a eu », confirme-t-il. Mais il y avait aussi garçons et des filles timides ou mélancoliques.


Selon lui, ces enfants ne sont pas dangereux, mais tout simplement fragilisés, voire impuissants. Le résultat d’un sentiment d’impuissance dû à l’échec. Parfois, ses élèves lui demandent de fermer la porte lorsque des camarades passent, pour ne pas qu’ils sachent qu’ils sont dans la classe « des nuls ».


« Avant, on savait y faire avec l’échec scolaire »


Rachid Zerrouki se souvient d’une conversation avec un entrepreneur lors d’un covoiturage. Il est alors question de l’école. Ce dernier lui affirme que les classes de Segpa ne pouvaient pas exister dans l’école d’autrefois. Selon lui, l’échec scolaire est un concept nouveau. Il résulterait de l’utilisation abusive des smartphones et de la télévision. L’interlocuteur est également persuadé que les professeurs ne sont plus comme avant et qu’il y a une crise de l’autorité. Mais Rachid Zerrouki dément : « Bien sûr qu’il y avait de l’échec scolaire. »


« Ces élèves qu’on appelle aujourd’hui des “élèves à besoins éducatifs particuliers”, ces élèves que j’ai en face de moi, on les appelait autrefois, si on regarde les archives institutionnelles, des “idiots”, des “ingouvernables”, des “imbéciles” », indique le professeur. Ils étaient placés sur « l’échelle métrique d’intelligence » d’Alfred Binet. Le test consistait parfois à entourer la femme la plus belle parmi une série de dessins.


« Quand on dit que l’école, c’était mieux avant, moi, je n’aime pas rentrer dans ce débat, parce que c’est un long et interminable débat. Mais ce que je peux dire avec certitude, c’est que, pour mes élèves à moi, pour les élèves à besoins éducatifs particuliers, non, l’école n’était pas mieux avant », conclut Rachid Zerrouki.


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