Radio Corona Internationale, nouveau média algérien pour dénoncer la répression du gouvernement

Pendant ce temps-là en Algérie, Abdallah Benadouda a lancé Radio Corona Internationale. Son but : dénoncer la répression du gouvernement envers les médias et le Hirak. Il raconte.

En Algérie, Radio Corona Internationale dénonce la répression du gouvernement


Abdallah Benadouda a lancé cette radio en mars sur les réseaux sociaux pour dénoncer la répression envers les médias et le Hirak, ce mouvement de contestation populaire.


« C'est très facile maintenant d'être contre le pouvoir en Algérie. Il suffit de vouloir dire la vérité, de défendre les opprimés et la justice, et on est tout de suite catalogué d'être contre le pouvoir. Si défendre des idéaux de liberté, l'idée d'une Algérie moderne et ouverte sur le monde est considérée comme de l'opposition, alors, oui, nous sommes une radio d'opposition », affirme fièrement Abdallah Benadouda.


Ce journaliste algérien a lancé Radio Corona Internationale en mars dernier sur les réseaux sociaux. Le but : dénoncer la répression du gouvernement envers les médias et le Hirak, ce mouvement de contestation populaire né en février 2019.


Plusieurs sites d'information algériens ont été fermés ou censurés


« Exercer le métier de journaliste en Algérie est très compliqué. Je pense que c'est compliqué dans le monde entier à cause du Covid-19, mais en Algérie plus particulièrement à cause de la répression en train de s'abattre sur les militants et sur les journalistes. Le président de la République, lors d'une conférence de presse, ose traiter les journalistes d’espions pour des entités étrangères », s’insurge Abdallah Benadouda.


Plusieurs sites d'information algériens comme Interlignes, Maghreb Émergent et le journal satirique El Manchar, le Gorafi algérien, ont été fermés ou censurés. « Le pouvoir a profité de la trêve sanitaire décrétée par le Hirak pour durcir les peines et surtout accentuer la répression à l'encontre des activistes et des militants. Chaque jour, nous enregistrons près d'une dizaine d'arrestations, de convocations dans les commissariats, de procès », indique Saïd Sahli, vice-président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme.


Un nouveau code pénal criminalisant "la diffusion de fausses informations portant atteinte à l'ordre public et à la sûreté de l'État" »


Fin avril, les députés algériens ont adopté un nouveau code pénal criminalisant « la diffusion de fausses informations portant atteinte à l'ordre public et à la sûreté de l'État ». Une loi qui pour les opposants permet au gouvernement de justifier les nombreuses arrestations de journalistes. « Cette loi est utilisée pour attenter aux libertés d'expression, mais aussi aux journalistes. Il n'y a pas seulement cette loi, il y a aussi l'amendement du code pénal qui a revu à la hausse les peines qui touchent à l'atteinte, à l'offense contre l'unité nationale, contre les symboles de l'État, contre l'autorité de l'État », ajoute Saïd Sahli.


Depuis plus d'un an, les Algériens manifestent chaque mardi et vendredi


Selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, près de 200 journalistes, blogueurs et militants sont emprisonnés ou en attente de procès, comme le journaliste Khaled Drareni, figure du combat pour la liberté de la presse, en détention depuis fin mars. Depuis plus d'un an, les Algériens manifestent chaque mardi et vendredi contre le gouvernement. Mais depuis l'instauration du confinement fin mars, les manifestations ont été interdites.


« Les gens ont peur de s'exprimer. Parce qu'on a peur d'être poursuivi pour les mêmes chefs d'inculpation qui ont été utilisés jusque-là », explique Abdallah Benadouda. « Les Algériens n'ont pas fait une révolution le 22 février 2019 pour reculer. Je pense que c'est un combat qui débute, ça va être difficile, mais que les espaces grappillés ici et là ne vont pas être concédés aussi facilement par les gens », espère toutefois Saïd Sahli.


L'Algérie est récemment passée de la 141e à la 146e place sur 180 pays dans le classement mondial dans le dernier de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.


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