Vivre à découvert : le quotidien de Lizzie, 20 ans

Malgré ses 4 jobs, elle est à découvert tous les mois. C’est le quotidien de Lizzie, 20 ans, qui vit à Metz dans la précarité.

Elle est à découvert chaque mois malgré ses 4 petits boulots


Lizzie a 20 ans et vit à Metz. Malgré ses quatre petits boulots, la jeune femme a souvent du mal à finir les fins de mois. Elle nous partage son quotidien. Et cela commence par les courses dans un supermarché.


“Des nouilles chinoises… Ça, ça me fait un repas, j’ai plus faim et c’est 55 centimes. C’est 2,29 € pour les cinq et ça, du coup, ça me fait cinq repas.” Elle nous emmène ensuite dans les rayons dont elle ne peut pas acheter les produits.


Il y a le rayon des épices. “Ca a l’air de rien, c’est qu’un petit flacon, ça coûte 2,45 €, mais avec 2,45 €, j’ai cinq repas.” La viande, c’est aussi un produit trop coûteux pour Lizzie.


D’après la FAGE, 62% des étudiants en France ont du mal à se nourrir de manière correcte en 2022. Nous avions suivi Elise, étudiante, à une distribution alimentaire à Paris, où de nombreux étudiants se rendent encore, deux ans après la crise du covid.


“Mon chauffage, il est caché pour pas trop y penser parce que ça coûte trop cher”


La jeune femme vit dans un studio de 24 m2, pour lequel elle paye 390€ par mois. “Là, il y a mon chauffage. Il est caché pour pas trop y penser parce que je l’utilise jamais, ça coûte trop cher, c’est électrique.”


L’hiver, pour se tenir chaud, elle empile les plaids. “J’ai une collection de plaids. Ça passe.”


Dans son frigo, il n’y a pas grand chose. Un pot de crème à moitié vide et un peu de charcuterie, donné par sa mère la semaine dernière. Dans ses placards, elle a un paquet de pâtes, “qui coûte pas cher” et “une soupe”.


Le matin, Lizzie ne mange pas. Un café et elle part travailler. Le midi, elle mange très tard. “Je vais essayer de manger plus vers 16h, pour faire un bon repas, parce que le soir, je donne des cours de danse, du coup, que j’ai un peu d’énergie quand même.


En 2019, l'étudiante Sophie alertait déjà sur la précarité chez les étudiants en France, dont elle souffrait aussi.


“Le soir, si je mange pas, tant pis !”


Et le soir, c’est plus grignotage. Et si, juste, je mange pas, ben je mange pas et puis tant pis !”


“Quand j’ai ma paie, c’est pas compliqué, je paye mon loyer, mes factures, une partie des courses, et globalement, là, je suis à découvert. Sachant que j’ai ma paie le 5, je vais être à découvert environ… peut-être le 10-11.”


Ses dépenses chaque mois, elle les connaît précisément : 390€ de loyer, environ 45€ de factures pour l’électricité, entre 25 et 30€ de dépenses alimentaires, “deux semaines si j’ai pas le choix”.


“Au niveau des déplacements, je pense qu’on peut au moins compter 40, voire 50 € par semaine, juste pour aller en cours ou donner mes cours. Je devrais gagner, je crois, 700 ou 800 avec tous mes tafs. Donc quatre tafs.”


Un psychologue livre les 3 questions importantes à poser à des étudiants pour estimer leur détresse.


“Pas de restau, pas de ciné, pas de loisir à côté”


Malgré ses 4 jobs, Lizzie a du mal à boucler les fins de mois. “Je donne des cours de danse dans quatre écoles différentes, et je travaille dans une librairie. (…) J’y travaille 4 jours par semaine. Ça fait un contrat à peu près de 18 heures.”


Lizzie est aussi “Pop Jeunes”, c’est-à-dire membre des Jeunes du Secours Populaire. Elle est référente nationale, et s’occupe de jeunes allant de 18 à 25 ans. “Je vais faire des tris de vêtements, des collectes, je leur donne des cours de danse”.


Ses parents l’aident. “Ma mère, elle me donne ce qu’elle peut, comme elle peut, parce qu’elle ne roule pas sur l’or non plus.”


“Au final, je travaille du lundi au dimanche. Je n’ai pas de week-end, j’ai très très peu de jours de repos, beaucoup de choses sont chères. Si on veut se faire plaisir, c’est payant. Ça veut dire : pas de restau, pas de ciné, pas de loisir à côté.


“Oui, financièrement, je ne m’en sors pas mais il y a des gamins que je vois, c’est encore pire que ça. Eux, c’est le Secours qui va les nourrir avec des distributions alimentaires, etc. De pouvoir les aider, ça me fait du bien aussi et vraiment avec eux, je me sens bien.”


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