La musique du futur selon Jean-Michel Jarre

"C'est une chose qui va révolutionner complètement la manière dont on va produire la musique." Pionnier de la musique électronique, Jean-Michel Jarre est aussi déjà dans le futur… Il nous fait visiter son extraordinaire scène dans le métavers.

“C’est un mode d’expression qui est en train de naître”


“Dès le départ d’Oxymore, je me suis dit: ‘Ce serait intéressant de jouer Oxymore dans une sorte de village, de ville imaginaire, de ville-musique.’” Jean-Michel Jarre est déjà dans le futur de la musique. Grand compositeur électronique de la scène française, il a sorti son dernier album, Oxymore, le 21 octobre dernier. Il a voulu expérimenter davantage avec la diffusion de son album en le jouant de façon virtuelle, dans un concert avec un public dans le métavers. “J’ai conçu, avec la start-up VRrOOm, un métavers, un univers qui est une ville musique qui s’appelle Oxyville, qui est faite de parties cassées de vieux magnétophones, de vieux synthés en noir et blanc. Je dirais entre Métropolis et Sin City.”
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“Il ne faut pas en avoir peur”


“La véritable expérience qui est démente, c’est le fait de pouvoir justement rentrer dans cette ville, se balader exactement comme tu te baladerais dans Paris et d’être en direct, avec moi qui suis sur scène”, explique le musicien. “Je me suis intéressé au métavers et à la réalité virtuelle depuis un bon moment, et principalement pendant le Covid où c’était évidemment une manière de se connecter avec le public d’une manière différente. Et je pense qu’aujourd’hui, c’est une énorme chance pour les jeunes créateurs, parce que c’est un mode d’expression en soi qui est en train de naître, qui n’a rien à voir. Même s’il y a des passerelles avec le jeu vidéo ou avec le cinéma, c’est différent.”
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Pour lui, le monde du métavers n’est pas à craindre, ni à voir comme la fin de l’art dans la réalité. “Il ne faut pas en avoir peur. Les gens du spectacle vivant qui ont un peu peur du métavers en disant ‘oh, ça va entrer en concurrence avec les vrais concerts’, se trompent. Au début du cinéma, les gens du théâtre disaient: ‘Mais qu’est-ce que c’est que ces gens qui s’agitent sur une toile blanche? Ce ne sont pas des vrais acteurs, parce que un véritable acteur, c’est quelqu’un qui est sur une scène devant son public.’ Et on sait que le cinéma est devenu l’art majeur qu’on connaît.”
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Une industrie qui évolue avec les technologies


“Moi, j’ai eu la chance de vivre trois révolutions: le début de la musique électronique, l’émergence de l’ordinateur et de l’informatique et puis, aujourd’hui, l’émergence des mondes immersifs. Quand on parle de métavers, quand on parle de monde immersif, tout le monde parle de visuel. Et en fait, le champ visuel, c’est 140°, mais le champ auditif, c’est 360°.”
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Pour lui, ces concerts en univers virtuel sont la prochaine évolution de la diffusion musicale. “La première manière d’être immergé, c’est par le son. C’est par les oreilles et pas par les yeux. Il y a un territoire absolument incroyable pour les musiciens, aujourd’hui, justement, de spatialiser sa musique. C’est comme de rentrer dans la toile pour un peintre, c’est-à-dire traverser le miroir. Et ça, c’est une chose qui va révolutionner complètement la manière dont on va produire la musique, dont on va la composer et aussi dont on va l’écouter et la recevoir. (…) Et je suis convaincu que dans quelques années, on considérera la stéréo avec la même affection qu’on considère les gramophones de nos grands-parents”, conclut Jean-Michel Jarre.
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