En coulisses avec l'humoriste Caroline Vigneaux

Avocate, elle a tout quitté pour devenir humoriste. Sur scène, Caroline Vigneaux fait rire, parfois avec des moments douloureux de sa vie. Victime de viol, elle utilise la scène pour "ne pas laisser un cauchemar l'anéantir". On l'a suivie en coulisses de son show au théâtre Édouard VII, à Paris.

Depuis que je suis petite, j'ai toujours aimé faire, à l'époque, on disait faire son intéressante” explique Caroline Vigneaux, humoriste. Elle ajoute : “Depuis que je suis enfant, j'aime faire rire les autres, j'aime prendre la parole en public. J'ai ce truc en moi. Aujourd'hui, eh bien, je peux faire ça, être exubérante C'est d'ailleurs pour ça que je suis devenue avocate au départ, je pense, parce que parmi les études qu'on m'avait imposées, c'est ce qui se rapprochait le plus de ce que j'aimais”. On a suivi l’humoriste dans les coulisses de son nouveau spectacle, In Vigneaux Veritas, au théâtre Édouard VII à Paris. “Tous les soirs, il y a des nouvelles vannes. C'est pas comme un film. Un film, une fois qu'il est fini, ça part. Nous, on peut corriger un défaut, tout le temps. Pendant toute la vie du spectacle, on réécrit, on modifie des choses. Donc tous les jours, je réécris, là, j'ai 2-3 vannes qui sont nouvelles pour ce soir. On verra”. 

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J'ai changé de vie parce que j’ai pris conscience qu'on n'avait qu'une seule vie”


Anciennement avocate, Caroline Vigneaux a décidé de changer de vie au bout de huit ans de carrière. “J'ai changé de vie parce que j’ai pris conscience qu'on n'avait qu'une seule vie et que même si le métier d'avocat, c'était chouette, ça ne suffirait pas à remplir la seule et unique vie que j'ai, et qu'avant de mourir... Parce que c'est ça la clé, il faut savoir, c'est qu'on va mourir et que du coup, tout est moins important. Et, oui, on peut abandonner une carrière d'avocate alors qu'on ne devrait pas, la société ne veut pas, mes parents ne veulent pas... Je pense que beaucoup pensaient que j'allais me planter, que j'allais redevenir avocate. Je disais : "Un jour, je ferai l'Olympia." Et personne n'y croyait ! J'ai mis six ans. En 2016, je suis montée sur la scène de l'Olympia et là, j'ai senti que les gens ont dit : "Ben, bravo”. Et moi, surtout, je me suis dit “bravo !"

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Je le dis aux gens : malgré ce cauchemar, je suis très heureuse”


Dans son spectacle, Caroline Vigneaux parle également des agressions sexuelles dont elle a été victime : “Moi, j'ai choisi de faire rire. Mais faire rire, ça veut pas dire ne pas aussi avoir des moments plus profonds, plus émouvants, plus différents. (…) Je me suis dit: "Il faut que je le dise. D'accord, mais comment je vais le dire?" Et c'est là que m'est venue l'idée d'en parler dans un spectacle, où je maîtrise mes mots, je maîtrise la façon dont ça sort et tout ce que je dis et c'est moi qui le fais comme je veux. Je me suis dit : ce qui serait encore mieux, c'est d'arriver à en faire rire. Je crois que c'est le sketch le plus dur que j'ai eu à écrire. Parce qu'il a fallu d'abord que j'écrive, donc que je me souvienne… J'écrivais tout ce qui m'était arrivé. Là, je joue tous les soirs, donc tous les soirs, je revis mes agressions. Mais j'ai décidé d'en faire rire, comme ça, le message à laisser c'était : ça ne nous détermine pas. Si ça vous est arrivé, ça ne vous détermine pas. On va en rire ensemble, et on va continuer à rire, et on ne va pas laisser un cauchemar nous anéantir. On ne va pas donner à nos agresseurs. Au contraire, on va continuer à vivre et on va se battre et on va être heureuses. Et ça, c'est la plus grande leçon de vie. Et je le dis aux gens : moi, je suis heureuse. Malgré ce cauchemar, je suis très heureuse”. 

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Dans son nouveau spectacle, In Vigneaux Veritas, au théâtre Édouard VII, tous les soirs, Caroline Vigneaux rend également hommage à son père. “Malheureusement, papa, quand j'ai fait la première fois l'Olympia, n'est pas venu et il m'avait dit "je viendrai au deuxième", et en fait, il est mort avant. Donc il n'a pas pu venir à l'Olympia et donc il sait pas que j'ai produit un spectacle et il n'est jamais venu à Edouard VII” explique l’ancienne avocate devenue humoriste. Elle ajoute : “Si j'ai pu louer ce théâtre, c'est parce que… c'est avec son héritage, donc en vendant la maison qu'on avait. Dans mon histoire, j'ai passé le moment où ça y est, je peux en parler sans m'effondrer. Donc j'avais envie de parler de lui et j'avais envie de dire aux gens qui traversent un deuil : on s'en remet, on peut rire. Et même si on s'en remet jamais vraiment, on apprend à vivre avec et on va rire à nouveau.” 

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