25 ans de prison pour avoir tué son père, propriétaire d'une maison de champagne

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La cour d'assises de la Marne a condamné jeudi à 25 ans de réclusion criminelle le fils du propriétaire d'une maison de champagne pour avoir tué son père en 2022, sur fond de pression professionnelle et financière.
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L'altération du discernement a été écartée, comme demandé par l'avocate générale, qui avait réclamé 27 ans de réclusion, faisant valoir que le meurtre était "mûrement réfléchi" et qu'il y avait eu "une tentative de dissimulation avant l'interpellation par la police".

Yann Vadin, 36 ans, a changé de version plusieurs fois mais a reconnu avoir tué son père en 2022, expliquant être "tellement acculé financièrement et par le travail". 

Il a été condamné pour meurtre mais également abus de confiance.

"Il a utilisé l'argent de la société pour payer des chevaux, des crédits, des vacances", avait résumé l'avocate générale. Le meurtre "est intrinsèquement lié à cette question d'argent".

"État dépressif et suicidaire"

Le directeur d'enquête a fait état à l'audience de "prélèvements entre 8.000 et 40.000 euros tous les mois sur le compte de la société".

Yann Vadin a évoqué au cours du procès la pression d'être "la neuvième génération à reprendre une entreprise familiale et devoir être à la hauteur".

Il travaillait en tant qu'associé de son père au sein de l'exploitation viticole familiale, la maison de champagne Vadin-Plateau.

Son avocate, Me Naïri Zadourian, a réfuté le motif financier. "Les dettes étaient à l'égard de la personne morale (la maison de champagne, NDLR), tuer la personne physique n'aurait rien changé", a-t-elle souligné.

Elle a plaidé un passage à l'acte lié à un "état dépressif et suicidaire", soulignant que, tous les jours, "il s'épuisait à la tâche physiquement et moralement sans l'avoir vraiment choisi".

"Abréger ses souffrances"

Le 30 septembre 2022, Jean-Luc Vadin, 57 ans, avait été retrouvé tué par arme à feu à son domicile de Cumières (Marne), où les enquêteurs trouvaient des traces de cambriolage.

Après avoir nié, son fils avait reconnu avoir tué son père, par accident selon lui, et avoir organisé seul la mise en scène d'un cambriolage.

Yann Vadin avait dit "être arrivé très tôt" chez son père avec son arme, selon lui dans l'intention de se suicider. Il aurait alors "croisé son père" et "tiré en sa direction".

Il avait expliqué avoir ensuite rechargé l'arme et tiré une seconde fois sur son père pour "abréger ses souffrances". Il était repassé chez lui avant de revenir prendre son service vers 08h. 

L'avocat de la famille paternelle, Me Gérard Chemla, a salué jeudi une condamnation "adaptée à la fois à la gravité des faits et au comportement de l'accusé", soulignant que ses clients n'avaient pas réclamé de la "vengeance" mais "que de la justice".

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