La publication de ce rapport accentue la pression sur ce ministre de Donald Trump, ancien présentateur de Fox News. Il était déjà sous le feu des critiques cette semaine pour son rôle dans les frappes sur des bateaux supposément impliqués dans du trafic de drogue dans les Caraïbes, une campagne militaire qui soulève des interrogations jusque dans son propre camp.
Mais c'est une autre opération, menée début 2025 contre les rebelles houthis pour protéger la navigation en mer Rouge, qui revient jeudi comme un boomerang contre Pete Hegseth.
L'affaire avait éclaté avec les révélations fracassantes, par le magazine The Atlantic fin mars, de messages sur l'application Signal dans lesquels Pete Hegseth dévoile l'heure de frappes au Yémen quelques heures avant qu'elles n'aient lieu et des informations sur les équipements militaires employés.
"L'utilisation d'un téléphone portable personnel pour gérer des affaires officielles et envoyer des informations non-publiques du ministère de la Défense via Signal fait encourir le risque de compromettre des informations sensibles, ce qui pourrait nuire au personnel du ministère de la Défense et aux objectifs de mission", écrit l'Inspection générale du ministère dans son rapport.
Si les Houthis avaient eu accès à ces informations, ils auraient pu "contrer les forces américaines ou déplacer leurs troupes et leur matériel afin d'éviter les frappes", souligne-t-elle.
"Exonération totale"
Cette utilisation de la plateforme Signal, chiffrée mais pas autorisée pour une telle utilisation au sein du gouvernement américain, était parvenue jusqu'à The Atlantic car son rédacteur en chef avait été ajouté par mégarde à cette boucle par Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump ensuite poussé vers la sortie.
"Le ministre a envoyé des informations non-publiques du ministère de la Défense détaillant la quantité et les horaires de frappe des avions américains avec pilote au-dessus d'un territoire hostile via un réseau non approuvé et non sécurisé", relève encore le texte.
Pete Hegseth, à la tête de la plus puissante armée du monde, estime cependant que ces conclusions constituent pour lui une "exonération totale". Il semble faire référence à l'accusation qui était portée à son encontre lui reprochant d'avoir partagé sur Signal des informations classifiées.
"L'affaire est close", a-t-il martelé sur X.
Appels à la démission
Mais si le ministre a lui-même autorité pour décider ce qui est classé secret ou non, il a, par son action, "créé un risque pour la sécurité opérationnelle qui aurait pu conduire à faire du mal aux pilotes et conduire à un échec des objectifs de la mission", relève encore le rapport de l’Inspection générale.
De hauts responsables de l'opposition démocrate ont renouvelé leur appel à ce qu'il quitte son poste.
Car ces révélations surviennent au moment où le chef du Pentagone est déjà dans la tourmente médiatique en raison de frappes menées par l'armée américaine dans le Pacifique mais surtout les Caraïbes, dans le cadre d'une campagne dite de lutte contre le narcotrafic, sans que des preuves n'aient été fournies sur des liens entre les bateaux visés et les cartels de drogue.
L'administration du président Trump est critiquée pour ces frappes, dont la légalité est mise en doute par les experts. Au coeur de la récente polémique: une opération au cours de laquelle les forces américaines ont lancé une seconde salve contre un navire déjà touché, tuant des survivants. Au total, plus de 80 personnes ont été tuées dans cette campagne militaire.
Au Yémen, les frappes américaines ont cessé en mai, après un accord entre les Etats-Unis et les rebelles Houthis.








