Aux Etats-Unis, un juge fédéral démissionne pour dénoncer les atteintes à “l'État de droit” commises par Donald Trump

David L Ryan/The Boston Globe via Getty Images
Le président américain utilise la loi “à des fins partisanes, en ciblant ses adversaires tout en épargnant ses amis et ses donateurs, des enquêtes, des poursuites et des sanctions éventuelles”, fustige le juge Mark L. Wolf.
À voir également sur Brut

C’est dans un essai cinglant publié dimanche dans The Atlantic, que le juge Mark L. Wolf, a décidé d’annoncer sa démission. Ce dernier accuse Donald Trump de “s'en prendre à ses adversaires” et met en garde contre une “menace existentielle pour la démocratie “.

Le président américain utilise la loi “à des fins partisanes, en ciblant ses adversaires tout en épargnant ses amis et ses donateurs, des enquêtes, des poursuites et des sanctions éventuelles”, fustige le septuagénaire.

Enquêtes sur des hauts responsables

Le juge Wolf cite notamment un message publié par Donald Trump sur les réseaux sociaux, dans lequel il appelle la ministre de la Justice Pam Bondi à poursuivre James Comey, l'ancien directeur du FBI, le sénateur Adam Schiff de Californie et la procureure générale de New York Letitia James.

James Comey et Letitia James ont ensuite été mis en accusation, et des enquêtes sur de hauts responsables des services de renseignement de l'administration Obama auraient également été ouvertes.

En plus de revendiquer des pouvoirs unilatéraux pour dépenser et expulser, l'administration Trump a également entrepris une campagne de grande envergure pour enquêter et poursuivre les adversaires du président.

Pour le juge Mark L. Wolf, ces actions sont “contraires à tout ce que j'ai défendu pendant plus de 50 ans au sein du ministère de la Justice et à la magistrature”.

"Porte-parole des juges en difficulté"

Nommé par le président Ronald Reagan et ayant également servi au ministère de la Justice sous l'administration Ford, le juge Wolf exprime de manière très explicite ses préoccupations concernant l'état de droit, ce qui est rare parmi les membres de la magistrature fédérale.

Lors d'un entretien téléphonique avec le New-York Times, le juge a déclaré qu'il avait démissionné, non seulement pour pouvoir s'exprimer plus librement sur ses propres opinions, mais aussi sur celles de ses collègues qui étaient toujours en fonction.

“J'espère être le porte-parole des juges en difficulté qui, conformément au code de conduite, estiment qu'ils ne peuvent pas s'exprimer franchement devant le peuple américain”, a-t-il expliqué.

Décisions annulées par la Cour suprême

Les juges des tribunaux dits "inférieurs", à l'échelle des Etats, ont rendu à plusieurs reprises des décisions bloquant les initiatives de Donald Trump. En retour, l'administration les accuse de se livrer à une politique partisane, allant jusqu'à demander la destitution de certains d'entre eux.

Dans de nombreux cas, ces juges ont vu leurs décisions effectivement annulées à titre préliminaire par la majorité conservatrice de la Cour suprême.

Des personnalités juridiques proches de Trump ont fait écho au sentiment du juge Wolf. Robert Luther III, professeur à la faculté de droit Antonin Scalia, a déclaré qu'il espérait que d'autres juges engagés dans ce qu'il a qualifié d'"activisme anti-Trump" suivraient l'exemple du juge Wolf et quitteraient la magistrature. "Allez-y, s'il vous plaît !", a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.

A voir aussi