"Si ce (mardi) soir, il n'y a pas de 'bougé' du patronat sur la question de la pénibilité et sur la question des âges (de départ à la retraite, NDLR), ça ne servira à rien" de poursuivre les discussions, a affirmé Yvan Ricordeau, négociateur de la CFDT, premier syndicat français.
Pascale Coton, négociatrice de la CFTC, fait le même constat de blocage à la mi-journée. "Je ne sais pas comment ça va se terminer cet après-midi, mais si l'heure du déjeuner ne permet pas au patronat de revenir à une situation un peu plus humaine, je pense que ce soir on va avoir un problème", a-t-elle regretté.
"Malheureusement, nous n'arriverons pas à changer l'âge (de départ) des 64 ans. Et donc, on essaie de se battre en tant qu'organisation syndicale pour qu'un maximum de personnes puissent partir avant 64 ans par rapport à la pénibilité", a précisé Pascale Coton.
"Compliqué avec le Medef"
La CFTC évoque ainsi "les carrières des femmes", notamment les mères de famille, "les carrières longues, pour essayer de faire en sorte qu'un maximum puisse partir avant" cet âge de 64 ans.
"C'est compliqué avec le Medef", principal représentant du patronat, "parce que sur toutes les propositions que nous faisons, notamment en termes de pénibilité, ils sont sur de la prévention, mais pas sur la réparation", a poursuivi Pascale Coton.
C'est-à-dire que le Medef rejette l'idée de départs à la retraite anticipés mais privilégie des voies de reconversion. "Quelqu'un qui a travaillé toute sa vie en entreprise, à 55 ans, on lui dit 'tu vas faire une reconversion', ce n'est pas possible", a ajouté Mme Coton.
Cinq partenaires sociaux participent toujours au "conclave": CFDT, CFTC, CFE-CGC côté syndical, Medef et CPME côté patronal. FO est partie dès la première réunion le 27 février, la CGT et l'U2P (organe patronal pour les artisans) ont claqué la porte mi-mars.
La fin du "conclave", prévue ce mardi soir, est un instant de vérité pour François Bayrou. Le Premier ministre avait lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement.
L'idée était de rendre moins impopulaire la réforme des retraites Borne de 2023, qui porte progressivement de 62 à 64 ans le départ à la retraite. Tout en essayant de revenir à l'équilibre financier, alors qu'un déficit du système s'annonce à hauteur de 6,6 milliards d'euros en 2030.
