Corée du Sud: l'ex-président Yoon Suk-yeol refuse de comparaître en s'allongeant, en caleçon, dans sa cellule

Crédit : South Korean Presidential Office via Getty Images
L'ancien président sud-coréen Yoon Suk-yeol a refusé de comparaître à une audition en s'allongeant, en caleçon, sur le sol de sa cellule, ont annoncé vendredi les procureurs qui enquêtent sur sa tentative ratée d'imposer la loi martiale en décembre 2024.
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Un tribunal sud-coréen avait émis la veille un nouveau mandat d'arrêt contre Yoon Suk-yeol, permettant aux procureurs de le faire comparaître de force pour l'interroger.

Cependant, ceux-ci ont affirmé vendredi qu'ils étaient "dans l'impossibilité de le faire en raison de son refus catégorique".

"Le suspect a refusé d'être arrêté en se couchant sur le sol sans porter les vêtements fournis par la prison", a déclaré le procureur Oh Jeong-hee aux journalistes.

Le magistrat a ajouté que "le recours à la force physique" a été évité et que "l'exécution du mandat a été temporairement suspendue".

Les procureurs ont déclaré que M. Yoon portait "un haut sans manches et un caleçon fourni par la prison".

Les avocats de Yoon Suk-yeol ont estimé que les procureurs avaient fait preuve d'un "mépris troublant" pour "la décence humaine fondamentale". 

"Humiliation personnelle"

L'avocate de Yoon Suk-yeol , Yoo Jeong-hwa, a estimé auprès de l'AFP que le procureur avait imposé "une humiliation personnelle" à l'ex-président. 

"Quel type d'institution juridique dans un pays civilisé donne un rapport en temps réel et des commentaires aux journalistes sur les vêtements d'un détenu, surtout dans une cellule exiguë où la température atteint près de 40°C ?", s'est-elle insurgée.

Selon un communiqué publié jeudi par les avocats de Yoon Suk-yeol Yoon, ce dernier souffre de "plusieurs problèmes qui posent des défis importants à sa santé" et perturbent sa coopération à l'enquête.

Le ministre sud-coréen de la Justice a déclaré lors d'une audition parlementaire qu'il était "franchement embarrassant pour un ancien président de se comporter de cette façon". 

"Il portait un haut à manches courtes et un pantalon, mais il aurait enlevé son uniforme de prisonnier lorsque l'équipe de procureurs a tenté d'exécuter le mandat d'arrêt, pour le remettre immédiatement après leur départ", a déclaré Jung Sung-ho. 

"Nous veillerons à ce qu'il soit traité avec la dignité appropriée, sans soulever le moindre soupçon de traitement de faveur compte tenu de sa fonction passée", a-t-il ajouté.

Yoon Suk-yeol a plongé la Corée du Sud dans une crise politique lorsqu'il a tenté de renverser le pouvoir civil le 3 décembre 2024, en envoyant des soldats armés au parlement afin d'empêcher les élus de voter contre sa déclaration de loi martiale.

Destitué en avril, Yoon Suk-yeol avait déjà effectué un séjour en détention de janvier à mars, devenant le premier chef d'Etat en titre à être arrêté dans l'histoire de la Corée du Sud. Il avait fini par être remis en liberté pour vice de procédure.

Le 10 juillet, il a été de nouveau placé en détention, avant d'être inculpé pour abus de pouvoir la semaine suivante.

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