Tout sur les mères : à la Berlinale, de nouveaux regards, au féminin, sur la maternité

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Plusieurs réalisatrices en lice pour l'Ours d'or samedi à Berlin renouvellent le regard et apportent de la nuance sur un sujet éternel, celui de la maternité.
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Parmi ces films, "If I had legs I'd kick you", fait figure de coup de poing. Ce film américain avec Rose Byrne ("Marie Antoinette", "X Men") dans le rôle de Linda, une mère new-yorkaise au bord de la crise de nerfs, avait déjà fait le buzz le mois dernier au festival de Sundance.

Son propos sur le burn out, rappelle, sur le même thème, le film "A plein temps" avec Laure Calamy, primé à Venise. Mais en version américaine: encore plus survoltée et suffocante.

Pour raconter l'histoire de cette mère, thérapeute de métier, dont la vie dérape alors qu'elle doit s'occuper seule de sa fille malade, la réalisatrice Mary Bronstein cadre serré sur Rose Byrne tout le long du film, son enfant n'apparaissant qu'hors champ, tandis que Linda boit, fume et lutte pour garder la tête hors de l'eau.

"Mon idée était que Linda ne parvient littéralement pas à voir son enfant en tant que tel: une petite fille malade qui a besoin d'une mère", a expliqué Mary Bronstein à Berlin. "Elle évite cette réalité, et elle voit sa (fille) seulement comme une obligation, comme un autre problème, comme une chose qui la victimise."

Rose Byrne a été attirée par le rôle car il osait représenter une maternité imparfaite. 

"Je suis intéressée par l'exploration, en particulier à travers les yeux d'une femme, de ce qu'est être une mère, ce qui n'est pas quelque chose que l'on voit toujours", a expliqué l'Australienne.

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Dépression post-partum

De Pedro Almodovar ("Tout sur ma mère") à Xavier Dolan ("Mommy"), les cinéastes se sont toujours intéressés aux figures maternelles.

Mais la réalisatrice autrichienne Johanna Moder, dont le film "Mother's Baby" est également en compétition à Berlin, estime que le rééquilibrage à l'oeuvre entre réalisatrices et réalisateurs dans un secteur traditionnellement dominé par les hommes permettait de renouveler le genre.

"Au cours des 100 dernières années de l'histoire du cinéma, il n'y a pas eu de mise à jour" du propos sur la maternité, a-t-elle déclaré. Cela change, et "je suppose que cela est lié au fait que les femmes réalisent plus de films maintenant et que les femmes illustrent cette histoire de leur point de vue."

Son film, "Mother's Baby", met en scène l'actrice suisse-allemande Marie Leuenberger dans le rôle principal. Son personnage, Julia, peine à établir le lien avec son nouveau-né, avant de sombrer dans une dépression post-partum et la paranoïa, donnant au film l'atmosphère d'un thriller psychologique.

"Elle essaie d'aimer cet enfant parce que c'est ce qu'une mère est supposée faire. Vous devez être heureuse", a déclaré Marie Leuenberger. "Et pourtant son instinct lui dit à chaque instant qu'elle doit être vigilante parce que quelque chose ne va pas."

La maternité dans toutes ses nuances et ses imperfections est également l'un des thèmes de "Hot Milk", de la Britannique Rebecca Lenkiewicz, adapté de la romancière Deborah Levy.

Emma Mackey y joue le rôle d'une Britannique qui accompagne sa mère (Fiona Shaw), gravement malade, dans une station balnéaire espagnole. Leur relation mère-fille est percluse de mensonges et de non-dits.

Elle rencontre une voyageuse, jouée par Vicky Krieps, dont elle admire la liberté, et dont les traumas rappellent furieusement ceux de sa propre mère. 

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