Des ONG dénoncent une "discrimination environnementale" dans l'accès à l'eau potable dans les territoires d'outre-mer

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"Les territoires d'Outre-mer ne sont pas traités comme le reste du territoire français. Nulle part ailleurs en France on accepterait une telle situation", dénonce Jérémie Suissa, le délégué général de Notre Affaire à Tous.
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Associations et collectifs ultramarins dénoncent une "grave discrimination environnementale" en matière d'accès à l'eau potable dans les territoires d'outre-mer, dans un rapport publié lundi et transmis aux Nations unies, ont-ils annoncé dans un communiqué.

"Près de trois millions de personnes en France subissent de graves problématiques pour accéder à un service public vital, l'eau potable", écrivent les signataires, parmi lesquels l'ASSAUPAMAR (Martinique), Guyane Nature Environnement, Mayotte Nature Environnement et l'ONG environnementale Notre Affaire à Tous, qui coordonne le rapport.

Coupures prolongées, pollution de l'eau, tarification élevée malgré un service défaillant: le rapport dresse un "état des lieux accablant" des réseaux d'eau potable dans les départements et régions ultra-marines, où les conséquences sanitaires et sociales sont particulièrement lourdes, notamment pour les enfants.

"Discrimination environnementale"

"Les territoires d'Outre-mer ne sont pas traités comme le reste du territoire français. Nulle part ailleurs en France on accepterait une telle situation", dénonce Jérémie Suissa, le délégué général de Notre Affaire à Tous.

Les auteurs demandent une reconnaissance officielle de cette situation comme relevant de la "discrimination environnementale", une augmentation "forte" des financements de l'État, ainsi qu'une meilleure implication des habitants dans les politiques publiques.

À Mayotte, lors de la sécheresse de 2023, "l'eau au robinet n'était disponible qu'environ 8 heures tous les trois jours", rappellent-ils. En Guadeloupe, les coupures peuvent durer plusieurs semaines dans certains secteurs, alors que le prix de l'eau y est l'un des plus élevés de France.

Quant à la Guyane, l'accès à l'eau y reste précaire, notamment dans les communes isolées.

"Depuis 2021, l'ONU a interpellé la France à de nombreuses reprises sur la crise de l'eau en Guadeloupe et la pollution au chlordécone aux Antilles", rappelle Sabrina Cajoly, fondatrice de Kimbé Rèd FWI.

En Guadeloupe, le réseau est dans un tel état qu'un rapport publié en 2018 le place dans la catégorie D, la plus mauvaise.

Face à ces carences, les ONG appellent à l'instauration d'un "droit opposable à l'eau potable pour toutes et tous" dans les territoires ultramarins et à l'augmentation des crédits pour l'eau en outre-mer, dont les besoins sont estimés dans le rapport à 2,36 milliards d'euros uniquement pour rattraper l'Hexagone.

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